Syrie : la nuit des dupes cachait un coup de billard (Th. de La Neuville)

Nous sommes heureux de publier cette courte analyse d’un de nos chercheurs associés, Thomas Flichy de La Neuville. Merci à lui. JDOK.

1 – La frappe de l’autre nuit montre le retour en force des néo-conservateurs au sein de l’appareil d’Etat américain. Ceux-ci étaient en compétition avec les isolationnistes pro-russes mais ont réussi à éliminer successivement le général Flynn puis Steve Bannon. Donald Trump leur a donné un gage symbolique cette nuit. Ceci va satisfaire les lobbys de l’armement qui craignaient par dessus tout, la fin des guerres américaines. Ceci va également satisfaire Israël dont les Etats-Unis se sont rapprochés. La frappe permet enfin de rassurer l’électorat américain qui était gêné par le rapprochement américano-russe. Elle lui donne l’illusion que l’Amérique demeure encore forte et indépendante. (cliquez ci-dessous pour lire la suite)

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Lignes en Syrie

Après l’attaque chimique de cette semaine, la notion de ligne est revenue à la une des médias : ligne rouge des uns, ligne franchie par d’autres,  changement de ligne de Trump. Cela amène plusieurs commentaires.

Attaque \

Source

En premier lieu, il est très plausible que l’attaque soit le fait des troupes loyalistes. Alors qu’en septembre 2017, le moment du déclenchement et les modalités laissèrent l’impression que les choses n’étaient pas aussi claires qu’on le disait (depuis le marché de Markalé à Sarajevo, l’analyste sait que toutes les parties sont capables de tout), autant la responsabilité de Damas prête moins à débat cette fois-ci. L’idée russe selon lequel ce serait un entrepôt des rebelles qui aurait été touché ne convainc pas. Autrement dit, les avions syriens ont probablement tiré des armes chimiques.  Pourquoi ? Continue reading « Lignes en Syrie »

N°64 : Défense en campagne | Après l’EI

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Extrait des articles présents dans cette lettre :

Défense en campagne

Ledébat présidentiel 2017 est préempté depuis près de deux mois par des priorités médiatico-judiciaires sur lesquelles il y aurait à dire si La Vigie avait vocation à aborder les questions politiques sensibles. Le résultat de cette situation inédite est que les questions de fond qui nous concernent sont éclipsées : quelle sécurité pour les Français, quelle Défense pour la France, quelles relations avec nos voisins, quelle politique extérieure et quelle participation de la France à l’ordre et à la paix internationale ? La Défense est comme toujours le parent pauvre de la présidentielle tant il est admis qu’elle fait consensus et n’est pas clivante. On entend même en cette fin de législature que c’est le secteur le plus épargné par les critiques, voire que ce ministre de la Défense est le plus performant de la Vè République ! Alors, de dépit face à ce débat avorté, nous tenterons de remplir le vide en répondant à deux questions : d’abord, à quoi sert une plateforme présidentielle de défense (ce numéro) ; puis quelles sont les briques d’un programme de défense pour la France aujourd’hui ? (les prochains, LV 65 et 66).  […].

Après la chute de l’EI

L’État Islamique (EI) recule partout. Il a été chassé de Syrte en Libye, a disparu d’Alep et de la Syrie occidentale, a perdu son contrôle de la Syrie du nord et notamment le chef-lieu d’Al-Bab mais aussi Palmyre, tandis que les Kurdes, appuyés par les Américains, progressent vers le sud en direction de Raqqa, la capitale de l’émirat. En Irak, il a perdu ses positions au centre et chacun observe la bataille de Mossoul qui voit, inexorablement, les forces « irakiennes » appuyées par la coalition progresser désormais sur la rive droite du Tigre. Au Nigéria, Boko Haram voit sa zone de contrôle également réduite. Autrement dit, la partie est perdue pour l’EI qui a également égaré la magie médiatique qui avait été l’autre composante de son succès. On sait en effet que le flux des combattants s’est drastiquement tari, ne serait-ce que parce qu’il n’y a plus de voie d’accès. L’EI est assiégé et est voué à disparaître. Il faut dès lors penser la suite, selon trois directions : l’avenir de la région, la question des hommes (revenants et réfugiés), enfin la pérennité de son idéologie. […].

Lorgnette : Djihad et Sahel

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Source image : Jordi Bernabeu via Visual Hunt / CC BY

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N° 53 : Alep, Sanaa, Washington | Partage du fardeau

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Extrait des articles présents dans cette lettre :

53-bombardement

Alep, Sanaa, Washington

Les médias occidentaux se sont répandus, au cours des quinze derniers jours, sur « le massacre d’Alep-Est ». L’émotion est vive, mais l’émotion, c’est ce que vendent les médias aujourd’hui. Émotion partiale qui oublie les « massacres » qui se déroulent à Sanaa et ne traduit que les incohérences de Washington, et celles d’autres bien-pensants à sa suite. Ainsi, la récente initiative française apparaît comme le voile pudique de notre bonne conscience jeté sur la nudité de notre impuissance. De quoi s’agit-il? De stratégie ? Non, de communication. Le gouffre est profond entre la réalité et les paillettes de la com. Stratégie pourtant, puisqu’il est question de la guerre, manière violente mais usuelle de résoudre des contradictions politiques.  […]

Partage du fardeau

Adressée par les pays engagés dans l’action militaire, cette requête de solidarité est souvent lancée avec insistance à des partenaires considérés comme frileux voire passagers clandestins de leurs entreprises stratégiques. Elle vise à mutualiser les coûts et les risques et à élargir la plateforme politique de légitimation de l’action. Plus insidieusement, elle permet de distribuer les tâches à mesure des moyens et des capacités supposés. Mieux encore, d’enrôler méthodiquement des États dans des travaux de planification opérationnelle voire de planification de défense. Cela débouche sur des acquisitions d’équipements au titre de la standardisation des moyens et donc de l’efficacité de l’action alliée ou multinationale. Partager le fardeau, c’est aligner les planètes militaires sur une nécessité stratégique commune. JDOK. […]

Source image : bnpositive via VisualHunt / CC BY-SA

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Faut-il penser l’EI au passé ?

Après une année 2014 marquée par la surprise devant l’émergence de l’État Islamique, une année 2015 inquiète devant sa résistance, ce début d’année 2016 semble marqué par un regain d’optimisme envers l’organisation. Ainsi, les instituts anglo-saxons dressent le décompte exact des pertes de territoire de l’organisation. Selon une étude de Janes parue en décembre dernier, elle aurait perdu 14 % de son territoire en 2015. Une autre étude de fin mars 2016 évoque le chiffre de 25 %. Ceci concerne l’Irak et la Syrie. On pourrait de même évoquer les revers subis par l’EI en Libye, dont la récente perte de Derna en Cyrénaïque. (Texte de l’intervention prononcée le 30 avril dernier au Forum International de Réalités, à Hammamet, en Tunisie. OK)

Le Royaume-Uni aurait tué un millier de combattants de l'EI. Source

Certains pensent alors qu’il y a une solution militaire à l’EI et que l’on réussira à l’annihiler. En avril, le ministre français de la défense, JY Le Drian, lors d’une visite en Irak, estimait qu’en 2016, aussi bien Rakka que Mossoul (les deux places-fortes de l’EI) pouvaient tomber (voir ici ). Dès lors, la question qui vient à l’esprit est la suivante, aussi provocante paraisse-t-elle : faut-il penser l’EI au passé ? Pour y répondre, nous évoquerons d’abord le Moyen-Orient puis la Libye, avant de conclure sur le cadre tunisien.
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Étude stratégique n°2 (gratuit) : Évolutions de la politique française en Syrie

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Cette étude a été menée en collaboration avec le King Faisal Center for Research dans le cadre de son projet de recherche « The Middle East Strategy Project ». Rendue le 2 janvier 2016, nous la publions aujourd’hui. Elle est co-publiée par La Vigie et le KFCR.

Évolutions de la politique française en Syrie

Hollande

Longtemps les observateurs ont glosé sur la « politique arabe de la France », lancée en son temps par le général De Gaulle, qui prônait une sorte de troisième voie à l’écart des deux autres. C’est elle qui justifia une approche particulière de la question palestinienne (longtemps la seule question sensible au Proche Orient) puis, un peu plus tard, de la question libanaise (notamment au cours de la guerre civile de 1975 à 1990).

Face au nouvel ordre des choses qui fit suite à la fin de la division Est-Ouest, aux guerres du Golfe successives, à l’espoir puis à l’échec des négociations israélo-palestiniennes, cette politique perdit de sa clarté et de sa consistance. Les positions changèrent encore plus rapidement au début des années 2010 : d’une part, avec l’appui français tardif aux révoltes arabes (ce qui entraîna une position ferme sur la guerre civile syrienne), mais aussi, sous couvert du primat donné dès 2007 mais amplifié en 2012 à une diplomatie économique, par la recherche d’alliances approfondies avec les riches pays du Golfe, d’abord le Qatar puis l’Arabie Saoudite.

Cette dynamique est en train d’évoluer brutalement à nouveau à la suite des attentats qui frappèrent Paris en 2015, d’abord l’attaque ciblée contre Charlie hebdo mais surtout l’attaque indiscriminée du 13 novembre qui causa 130 morts à Paris. On assiste depuis à un brusque revirement de la politique française sur la question syrienne, qui affecte en profondeur « la nouvelle politique arabe » de la France. […]

Plan

I : Du passé au passif

11- Passé et contexte

12-      Les 1001 chemins de la posture française, 2011-2015

13-      Un brusque revirement

II : Organiser le changement de posture : activisme diplomatique

21- Cadre multilatéral : quelle légitimité ?

22-      Alliances bilatérales : coaliser les coalitions ?

23-      Alliances moyen-orientales

III: Limites et perspectives

31-      Guerre et politique

32-      Quels buts politiques ?

Photo credit: UN Women Gallery via Visual hunt / CC BY-NC-ND

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Étude stratégique La Vigie n° 1 : De la retenue russe en Syrie

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Extrait de l’étude stratégique présente dans cette lettre :

De la retenue russe en Syrie

Beaucoup a été dit sur l’annonce par Vladimir Poutine du retrait partiel de ses forces en Syrie. Un mot réunit les analyses et leurs points de vue divers : surprise. Là-dessus, tout le monde s’accorde, Poutine a surpris la communauté internationale. Voici peut-être les premières leçons : la capacité de la direction russe non seulement à maîtriser le temps stratégique mais aussi à gérer ses déclarations publiques ; et l’autisme des analystes. Cela relativise grandement les propos de ceux qui affirment que la Russie n’a pas de soft power. Disons qu’il diffère du soft power occidental, parce que s’il dispose de moins de moyens massifs, il réussit pourtant à changer la donne. Or cette leçon peut être tirée de l’ensemble du dispositif russe en Syrie. Car Moscou, avec finalement des moyens limités (qu’on les compare simplement aux moyens américains ou de la coalition qu’ils actionnent), réussit à obtenir des gains réels. S’il est facile de dire qu’il n’a pas tout obtenu (moyen fréquent de dévaloriser le succès), constatons pourtant qu’il a obtenu beaucoup et vite, là où on lui prédisait seulement l’échec et l’enlisement. Pour autant, une appréciation mesurée de la situation ne peut se contenter de cette seule évaluation, puisque beaucoup d’incertitudes demeurent, qu’elles aient trait aux acteurs mais aussi aux événements en cours. De même, alors que la plupart des commentaires occidentaux se sont focalisés sur la place de la Russie dans l’ordre international (façon de discuter ses rapports avec un Ouest fantasmé), finalement peu de choses ont été dites sur les conséquences locales et régionales, pourtant la priorité de Moscou. […]

Poutine Lavrov

Source image : http://en.kremlin.ru/events/president/news/51511

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La Vigie n°27 | Légitime défense ? | Rumeurs du monde (gratuit)

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Pour son premier anniversaire, La Vigie vous offre la lecture de ce numéro. Extrait des articles présents dans cette lettre :

Légitime défense ?

La France frappe donc depuis fin septembre l’Organisation État Islamique (OEI) en Syrie. L’annonce en avait été faite par le Président de la République, dès la conférence de presse du 7 septembre : il précisait alors que « le Parlement en sera informé au titre de l’article 35 de la Constitution ». Mais le 16 septembre, à l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement précisait que la France invoquerait « le principe de légitime défense » pour justifier ces frappes. Ceci fait écho aux déclarations du Premier Ministre, le 13 janvier, devant l’Assemblée Nationale, qui affirmait : « Oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical ». Autant de déclarations qui affirment une volonté mais qui trahissent pourtant une certaine confusion : au-delà de la légalité de notre action, c’est surtout sa légitimité qui est en jeu et au-delà sa cohérence stratégique.

[…]

Rumeurs du monde

Arrêtons-nous un instant pour écouter la rumeur du monde et tenter de décoder des messages récemment émis qui engagent notre sécurité et pèseront sur notre posture stratégique. Avant toute analyse, notons qu’à New York, Bruxelles ou Strasbourg, on a entendu les signaux d’un monde turbulent que les structures internationales peinent à réguler. On le mesure chaque jour.

On relèvera, parmi les discours lanceurs d’alerte, ceux provenant de l’Assemblée générale des Nations unies à New York ou de visiteurs de marque à Washington, ceux anxieux des réunions militaires atlantiques à Bruxelles, et ceux inquiétants venus de Strasbourg, du couple franco-allemand comme de la Turquie. Tous visaient les opinions publiques et les consciences.

[…]

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