Voici un petit opuscule (118 p, 12,8 €) tout à fait remarquable et permettant de faire rapidement le point sur le royaume chérifien. Écrit par un des meilleurs spécialistes du Maghreb, maître de conférence à Science Po (et ami de La Vigie), il présente une remarquable grande qualité pour un livre de géopolitique : il est bourré de cartes ! La chose est suffisamment rare pour être précisée et abondamment louée !
D’ailleurs, on reste surpris par l’abondance de données réunies dans un ouvrage finalement si bref : iconographie, index, chronologie, portraits, tout y est ! Le style est limpide et l’on apprend une foultitude de choses. Évidemment à propos de l’histoire du Maroc, mais aussi ses quatre directions géopolitiques : l’Atlantique (qu’on pense à la primo-relation avec les jeunes États-Unis d’Amérique), l’Afrique, bien sûr, l’Europe (Espagne et France) et bien sûr, l’orient, à la fois arabe et musulman, sans même parler des liens avec le reste du monde (Chine et Russie). Mais il est aussi question de géopolitique intérieure, qu’il s’agisse de la société marocaine, de son économie ou de la lente évolution du régime politique.
Bref, un ouvrage à recommander chaudement, que vous lirez dans l’avion la prochaine fois que vous irez en vacances là-bas.
Le Maghreb fait partie de notre voisinage immédiat et constitue le pont entre l’Europe et l’Afrique. Il est au cœur de nos intérêts. Pourtant, les cinq pays du Maghreb, pour des raisons différentes, paraissent plus ou moins à bout de souffle entre aspirations internes et pressions externes. L’attentisme répond à l’effervescence mais annonce probablement des tumultes à venir, comme l’étude des cinq pays (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie) l’illustre.
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La France est-elle intimidante, résolue, respectable, aimable, cohérente, fiable ? Comment est-elle perçue à l’extérieur ?
Ces questions, avec d’autres, (Quels sont les atouts stratégiques de la France ? Quels sont ses défauts et limites ? Quels accords stratégiques ou quels projets faudrait-il développer en commun ?), nous les avons posées à des chercheurs de pays proches de la France, voisins et partenaires.
Tous ont répondu sans fard, signe que la France continue de ne pas laisser indifférent, au plan stratégique. Elle demeure donc un acteur qui compte. Nous déplorons toutefois que les chercheurs américains sollicités, trop occupés par la force des débats de l’élection présidentielle américaine, aient passé leur tour : faut-il y voir un désintérêt pour la France ou l’habituel américano-centrisme ?
On lira ci-dessous ces contributions diffusées au premier semestre 2016 comme un large tour d’horizon des regards portés sur la France par des proches. On découvrira avec une certaine surprise que la principale pétition qui se dégage de ces propos parfois lapidaires est que, dans le désordre actuel, la France doit d’abord être la France, autonome, lucide, engagée et impartiale, ce qu’elle n’est sans doute plus assez.
Ainsi, pour reprendre les trois questions proposées, la plupart des auteurs reconnaissent à la France d’être la première puissance militaire européenne et qu’elle est quasiment la seule nation européenne à avoir un rôle à l’échelle du monde. A contrario, le principal reproche qu’on lui fait est de ne pas assez coopérer ou, plus exactement, de se comporter de façon unilatérale (et non intergouvernementale). La plupart des auteurs répondent enfin qu’il y a des espaces de coopération entre leur pays et la France : ici, la diversité des demandes empêche d’identifier un axe clair, ce qui suggère que la ligne stratégique de la France doit être multiple et s’orienter selon plusieurs axes (européen, africain, mondial par exemple).
Il sera bon de s’en souvenir à la relève de législature en mai 2017.
Notons enfin que chacune de ces analyses, publiées dans La Vigie au premier semestre 2016, doit être lue en conservant à l’esprit sa date de parution et les événements qui faisaient alors l’actualité. Parfois, cela peut éclairer le propos.
Bonne lecture. JDOK
La France stratégique vue de :
Tunis (Abderaouf Ounaies)- 6 janvier 2016
Grande-Bretagne (Julian Lindley-French)- 20 janvier 2016
Madrid (Felix Arteaga)- 3 février 2016
Rome (Ferdinando San Felice di Monteforte)- 17 février 2016
La campagne des primaires américaines suscite une incompréhension horrifiée de la part des américanistes et politologues spécialistes du sujet : passe encore qu’un Bernie Sanders qui se déclare socialiste puisse tailler des croupières à Hillary Clinton (vu de l’intelligentsia européenne, il s’agirait presque d’une divine surprise), mais qu’une personnalité aussi atypique que Trump mène la course devant un Ted Cruz ultra religieux, voilà qui bouscule tous les cadres établis. Et au sens premier du mot, l’établissement. Comment ne pas voir que ces deux outsiders sont les deux faces d’une même médaille, celle de la remise en cause profonde du système ? La seule question qui reste pourtant sans réponse est la suivante : s’agit-il seulement de la crise d’adaptation d’un système vieillissant ou le signe d’une révolte plus profonde ? […]
Dialectique nippone
Nippon, c’est le vrai nom de ce vieux pays singulier qui se dit pacifique et attaché à la stabilité et à la prospérité de l’Asie. Japon, c’est le nom de cet État moderne de l’Asie de l’Est, au troisième rang économique mondial, qui a entrepris depuis cinq ans de rehausser sa posture stratégique régionale en redevenant une puissance normale. Une tension existe entre ces deux réalités profondes que dissiperont les élections en juillet, en arbitrant les évolutions en cours. […]
Stratégie 2017 : vu de Rabat (Jawad Kerdoudi)
La France dispose de deux atouts au niveau stratégique, de sécurité et de défense. Le premier est qu’elle est l’héritière des valeurs nées de la Révolution de 1789 : droits de l’homme, égalité, démocratie, état de droit. Le second est qu’elle dispose d’une armée moderne qui a la capacité de se projeter à l’extérieur. Le principal reproche qu’on peut faire à la stratégie française est une implication insuffisante dans la résolution du conflit israélo-palestinien et dans l’aide au développement économique et social des pays pauvres de la planète. […]
Nous sommes heureux de publier ce billet proposé par Tancrède Wattelle, étudiant en troisième année à Sciences Po Paris.
Au pouvoir depuis 2011, les islamistes « modérés » du Parti de la Justice et du Développement (PJD) sont à nouveau dans l’œil du cyclone en raison de leur volonté de réformer le code pénal en y ajoutant des articles influencés par leur lecture de l’islam. Alors que ce projet avait été introduit dans l’esprit de la Constitution de 2011 pour combattre certains archaïsmes, notamment sur le viol, la société civile s’est mobilisée pour refuser les dispositions prévues par la révision du Code pénal, introduisant la criminalisation de la rupture publique du jeûne pendant le ramadan, du blasphème ou encore des circonstances atténuantes pour les crimes d’honneur. Cette polémique montre bien la diversité des forces à l’œuvre au royaume chérifien, qu’elles soient islamistes, démocrates, royales ou associatives. On constate rapidement un déséquilibre entre le pouvoir omniprésent du Palais et la marge de manœuvre des islamistes, rapidement mis au pas par Mohammed VI. En effet, alors que l’arrivée d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, au poste de Premier Ministre avait suscité craintes d’un côté et espoirs de l’autre, ces deux sentiments ne semblent plus prévaloir actuellement. Quatre ans après le Printemps Arabe au Maroc, quelles conclusions pouvons-nous tirer de l’évolution de la situation économique, sociale et géopolitique du pays ?