Martine Cuttier, fidèle lectrice, nos livre une nouvelle fiche de lecture sur l’ouvrage d’un jeune chercheur spécialisé dans le DDR, notamment au Sahel . Merci. LV
Les récents coups d’État au Mali et au Burkina-Faso montrent la déception des élites et des populations africaines envers la France. Cela s’explique par une grande erreur stratégique, mélange de bonne conscience, d’utilisation trop longue de l’outil militaire, de manœuvres de gouvernance inadaptées et finalement, d’intérêts mal compris et donc mal mis en œuvre. La France a déçu et c’est de sa faute. Elle doit en tirer les conséquences.
La Géorgie est le seul pays du Transcaucase a être ouvert sur l’Occident, sur la Mer Noire, sur l’Europe. Le pays est hanté par les démons de conflits avec des provinces séparatistes et sa relation compliquée avec la Russie. Sa tentative de rapprochement avec les États-Unis s’est soldée par un échec, notamment militaire, mais la Géorgie a depuis entamé une nouvelle voie vis-à-vis de l’Union Européenne. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée !
La récente vente de 42 chasseurs Rafale à l’Indonésie est bienvenue, pour des raisons industrielles évidentes. S’il n’est pas sûr que cela favorise la défense française, cela constitue en revanche un atout dans notre politique étrangère, notamment en Asie du Sud-Est, terme ici plus exact que l’Indo-Pacifique. Notons d’ailleurs que cette vente s’accompagne de celle de deux sous-marins Scorpène. L’affront AUKUS est réparé (LV 176).
Paradoxalement, il a peut-être servi. En effet, comme beaucoup de pays de la région, l’Indonésie veille à une politique d’équilibre entre la Chine et les États-Unis, veillant à ne pas trop dépendre de l’un ni de l’autre. Elle avait suivi avec intérêt notre partenariat stratégique et industriel avec l’Inde, ce qui l’a incitée à examiner notre offre avec attention. Mais il est fort probable que la décision unilatérale des Australiens a joué : en estimant que la France n’était pas assez sûre, l’Australie a prouvé qu’a contrario la France avait une position équilibrée dans la région ? Ce fut probablement l’argument décisif pour Jakarta. Ainsi, outre l’Inde et Singapour, la France obtient un troisième partenaire dans cette Asie du Sud et du Sud-Est. Espérons que ce ne soit pas le dernier.
JOCVP
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Les récents coups d’État au Mali et au Burkina-Faso montrent la déception des élites et des populations africaines envers la France. Cela s’explique par une grande erreur stratégique, mélange de bonne conscience, d’utilisation trop longue de l’outil militaire, de manœuvres de gouvernance inadaptées et finalement, d’intérêts mal compris et donc mal mis en œuvre. La France a déçu et c’est de sa faute. Elle doit en tirer les conséquences.
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Alors que la « pause estivale » occulte l’actualité internationale en France, les affaires sérieuses continuent de se dérouler ailleurs. Voici donc une série d’instantanés stratégiques sur les frictions du monde : Tunisie, Afghanistan, Yémen, Polynésie, Pegasus, Sahel.
Mer, montagne et désert, le Maroc offre de multiples visages. Sultanat puis royaume pluriséculaire à l’histoire brillante et au riche patrimoine, c’est un pays à visiter pour comprendre les enjeux du Maghreb et de l’Afrique. Découvrez le Maroc en novembre prochain avec le Pr Kader Aberrahim et nos partenaires de Conflits et d’Ictus Voyages. Voici donc le premier voyage d’étude géopolitique de La Vigie !
Lors de ce périple, vous serez accompagnés de guides francophones ainsi que de Kader Abderrahim, professeur à Science Po, directeur de recherche associé à La Vigie et auteur à Conflits. Il a notamment publié une Géopolitique du Maroc dont nous avons rendu compte (ici). Deux rencontres avec des personnalités marocaines sont prévues, à Marrakech et Tanger, pour échanger sur les grands enjeux géopolitiques du pays. Outre les sites historiques du Maroc, une visite commentée de Tanger Med, premier port d’Afrique, est également organisée. Renseignements et inscriptions ici.
Les transports sont effectués en autocar grand tourisme et les nuitées assurées en hôtel 4 étoiles.
Lectures d’été
Pour votre été, nous vous proposons de lire : Le versant du soleil (R. Frison-Roche) – It doesn’t take a hero (HN Schwarzkopf) – Unité 8200 (D. Alfon) – Quand la France commence-t-elle ? (B. Lançon) – Guerres invisibles (Th. Gomart) – Non-retour ( Jusseaume et alii).
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Alors que la « pause estivale » occulte l’actualité internationale en France, les affaires sérieuses continuent de se dérouler ailleurs. Voici donc une série d’instantanés stratégiques sur les frictions du monde : Tunisie, Afghanistan, Yémen, Polynésie, Pegasus, Sahel.
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Du temps de Giscard – comme on dit du temps de Foccart –, on racontait cette histoire d’un chef d’État africain houspillant un de nos ambassadeurs parce qu’un bataillon de Marsouins s’était installé dans l’État voisin, interrompant les excuses embarrassées de notre diplomate rassurant le président qu’il n’y avait pas d’intention maligne, d’un tonitruant : « J’entends bien. Mais j’y ai droit, moi aussi ! ». Voilà que l’heure de vérité a sonné. Les Africains s’aveuglent : non, la France ne traite pas ses ex-colonies comme des sous-préfectures ; non, le retrait de Barkhane n’est pas une fausse sortie pour se faire supplier de revenir, coup de bluff pour revivifier la Françafrique ; c’est le signal que la France s’en va. Elle le savait depuis la faute de l’intervention en Libye, qui lui revient en boomerang.
Qu’apporte-t-elle de différent des autres, à part ses Légionnaires qu’on y croit toujours disponibles parce qu’ils sont prépositionnés et connaissent le continent ? Depuis le Rwanda et les délires sur sa prétendue responsabilité, le ressort s’est cassé. L’armée française est usée de décisions politiques inconséquentes qui ont découragé plusieurs CEMA, comme la France l’est des flatteries d’Africains qui la prennent pour une puissance surtout lorsqu’ils la traitent de faiseuse de rois et de pilleuse de minerai. Elle ne veut plus tenir ce rôle de gendarme auquel elle tient moins que ceux qui croient ne pas pouvoir se passer d’elle, soixante ans après les indépendances. Elle s’épuise au moment où elle doit redéfinir son format – pas celui OTAN-Scorpion qui ne fait qu’accélérer sa déqualification, mais celui qui lui permettra de retrouver l’art français de la guerre. Elle tire sur la corde d’un matériel chichement compté et inadapté au Sahel (bombardement de Bounti le 3 janvier 2021 [1]), et de militaires qui ne reçoivent en retour de leurs efforts que l’accusation de perpétrer le régime colonial de grand-papa.
Même si nous allons en partir sur la pointe des pieds, comme demandait naguère Antoine Pinay de l’Indochine, il s’agit d’une vraie décision stratégique qui solde un passé suranné qu’il ne sert à rien de pérenniser. Les Africains découvriront l’ouverture d’esprit des soldats russes et l’amabilité, dénuée de toute trace de racisme, des bataillons d’ingénieurs chinois qui s’isoleront dans leurs dortoirs sécurisés, avec leurs magasins interdits aux locaux et leur remake du Paris-Dakar dans les rues de Bamako. Ils savent déjà apprécier l’empathie des rares membres des forces spéciales américaines qu’ils aperçoivent parfois de loin au côté de Barkhane. Et quand la Banque de France cessera de contre-garantir la nouvelle monnaie africaine sur ses propres réserves, les grands argentiers du continent iront négocier à la BCE de Francfort sa libre convertibilité avec l’Euro et un taux de change fixe, avec des Allemands et des Néerlandais qui adorent qu’on leur parle de relance par le déficit et l’inflation. Mais ne rêvons pas : l’Afrique regrettera aussi peu la France que la France regrettera l’Afrique.
Cadet n° 82
[1] Le problème n’est pas que la présence d’hommes en armes ait induit en erreur sur la nature festive du regroupement, mais que le matériel made in USA et le mode opératoire qui lui est consubstantiel – on l’a vu à d’innombrables reprises en Afghanistan, mais c’était déjà le cas au Viêt Nam – arbitre en faveur de la destruction d’un mariage lorsqu’il permet de neutraliser quelques djihadistes, et non l’inverse. L’otanisation de nos armées est à ce prix, qu’il faut désormais assumer – ce qui posera un jour la question de l’adhésion de la France à la CPI.
Nous avons le plaisir le travail d’une étudiante de M1 de l’IEP de Lille, Léa Guignon, sur les bases opérationnelles au Sahel. Le sujet est technique mais son inscription dans la durée longue suscite l’intérêt. Surtout, cette publication répond à l’ambition de La Vigie, celle de donner leur chances aux jeunes plumes… Merci à elle.LV
Les bases opérationnelles avancées temporaires françaises au Sahel
Lancée le 1er août 2014 l’opération Barkhane s’étend à la Mauritanie, au Niger, au Mali, au Burkina Faso et au Tchad. Les objectifs de l’opération sont les suivants : appuyer les forces armées locales de la bande Sahélo-saharienne (BSS) dans leurs actions de lutte contre les groupes armés terroristes (GAT), éviter la résurgence des groupes et l’apparition de nouveaux sanctuaires et appuyer les forces internationales qui œuvrent en faveur de la population[1]. La France développe une logique de mobilité, de flexibilité, et de réactivité des forces afin de surprendre l’ennemi dans toute la BSS[2]. Pour cela Barkhane s’appuie sur un réseau de bases militaires permettant de quadriller la zone.
On distingue plusieurs catégories de bases militaires au sein du dispositif Barkhane. Il existe des bases opérationnelles « permanentes » (BOAP) comme celles de Gao, Niamey et N’Djamena. Ce sont les bases les plus importantes de l’opération en termes de commandement et de volume. Leurs systèmes de défense sont performants, elles sont bien fournies en moyens de communication et en équipements militaires. Les bases opérationnelles avancées « temporaires » (BOAT), sont celles de Tombouctou, Kidal, Tessalit, Menaka, Gossi, Faya-Largeau, Abéché et Aguedal. Ce sont des points d’appui complémentaires aux bases permanentes. Elles n’ont de temporaire que le nom puisque certaines existent depuis les prémices de l’opération Serval. Ce sont des emprises plus petites que les bases permanentes, leur aménagement est rustique au départ mais elles peuvent devenir plus confortables avec le temps[3]. Bien que la sédentarisation apparaisse essentielle dans une guerre de contre-insurrection, celle-ci fait face à plusieurs limites. Quels sont les impacts géostratégiques que les BOAT peuvent présenter dans la conduite de Barkhane ? Quel avenir ont-elles au sein des futures opérations ?
Le concept de la profondeur stratégique est un outil opératoire de la géopolitique qui permet de comprendre les décisions et les conflits qu’imposent les grandes puissances sur la scène internationale. Il est construit sur des considérations historiques, de défense et de sécurité, économiques et culturelles et des visions à moyen et long terme.
La (faible) attention française pour l’Afrique est concentrée sur la bande sahélo-saharienne à cause de l’opération Barkhane. Pourtant, une autre insurrection djihadiste persiste autour du lac Tchad : Boko Haram perdure en effet et a profondément muté. Face à cela, les pays de la zone ont pris des initiatives vigoureuses depuis cinq ans qui ont permis de cantonner le foyer de crise. Et si on regardait cet exemple plutôt que de s’obstiner dans une stratégie sahélienne dont on ne voit pas les fins ?
Le projet de Porte-avions de nouvelle génération esquissé par le ministère des armées pour remplacer le Charles de Gaulle en 2038 n’est encore qu’un dossier industriel et technologique. Il va être bientôt précisé. Mais il reste à lui donner une vraie dimension stratégique comme pivot militaire d’une capacité de manœuvre et d’action océanique globale à l’horizon 2060 apte à protéger les intérêts de la France dans le monde d’alors.
La dernière conférence sur la sécurité de Munich avait pour thème l’Affaiblissement de l’Occident ou Westlessness (14-16 fév.). Elle a confirmé l’anomie occidentale.
Après l’entretien à The Economist (relation transatlantique, LV 129) et le discours de l’École Militaire (dissuasion, LV 136), elle a permis de compléter la vision stratégique du PR d’un monde instable qui se transforme dangereusement. Il avait réaffirmé le besoin d’une stratégie et d’une souveraineté européennes élargies dépassant les questions militaires pour notamment englober normes, technologie, infrastructure, communications, IA ou voisinages. Il a constaté l’éloignement américain, le refus allemand de la puissance, les divergences entre Européens alors que l’UE est invisible dans la gestion des crises qui engagent sa sécurité et affectent ses valeurs. Parmi les enjeux débattus à Munich, la Syrie ne figurait pas à l’agenda alors que la crise humanitaire cristallise différence de priorités et compétition entre puissances, recours à l’économie ou aux migrants comme armes politiques. Espérons que la réunion d’urgence des ministres des AE de l’UE sera l’occasion d’un réveil salutaire.
JOCV
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La (faible) attention française pour l’Afrique est concentrée sur la bande sahélo-saharienne à cause de l’opération Barkhane. Pourtant, une autre insurrection djihadiste persiste autour du lac Tchad : Boko Haram perdure en effet et a profondément muté. Face à cela, les pays de la zone ont pris des initiatives vigoureuses depuis cinq ans qui ont permis de cantonner le foyer de crise. Et si on regardait cet exemple plutôt que de s’obstiner dans une stratégie sahélienne dont on ne voit pas les fins ?
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