Nous parlons peu de la Grèce : aussi sommes-nous heureux d’accueillir Aris-George Marghelis. Il est titulaire d’un doctorat de l’Université de Nantes portant sur la dimension stratégique du droit de la mer. Il a enseigné la géopolitique et les relations internationales à l’École navale et à l’Université de Brest. Merci à lui. JDOK
La France est-elle intimidante, résolue, respectable, aimable, cohérente, fiable ? Comment est-elle perçue à l’extérieur ?
Ces questions, avec d’autres, (Quels sont les atouts stratégiques de la France ? Quels sont ses défauts et limites ? Quels accords stratégiques ou quels projets faudrait-il développer en commun ?), nous les avons posées à des chercheurs de pays proches de la France, voisins et partenaires.
Tous ont répondu sans fard, signe que la France continue de ne pas laisser indifférent, au plan stratégique. Elle demeure donc un acteur qui compte. Nous déplorons toutefois que les chercheurs américains sollicités, trop occupés par la force des débats de l’élection présidentielle américaine, aient passé leur tour : faut-il y voir un désintérêt pour la France ou l’habituel américano-centrisme ?
On lira ci-dessous ces contributions diffusées au premier semestre 2016 comme un large tour d’horizon des regards portés sur la France par des proches. On découvrira avec une certaine surprise que la principale pétition qui se dégage de ces propos parfois lapidaires est que, dans le désordre actuel, la France doit d’abord être la France, autonome, lucide, engagée et impartiale, ce qu’elle n’est sans doute plus assez.
Ainsi, pour reprendre les trois questions proposées, la plupart des auteurs reconnaissent à la France d’être la première puissance militaire européenne et qu’elle est quasiment la seule nation européenne à avoir un rôle à l’échelle du monde. A contrario, le principal reproche qu’on lui fait est de ne pas assez coopérer ou, plus exactement, de se comporter de façon unilatérale (et non intergouvernementale). La plupart des auteurs répondent enfin qu’il y a des espaces de coopération entre leur pays et la France : ici, la diversité des demandes empêche d’identifier un axe clair, ce qui suggère que la ligne stratégique de la France doit être multiple et s’orienter selon plusieurs axes (européen, africain, mondial par exemple).
Il sera bon de s’en souvenir à la relève de législature en mai 2017.
Notons enfin que chacune de ces analyses, publiées dans La Vigie au premier semestre 2016, doit être lue en conservant à l’esprit sa date de parution et les événements qui faisaient alors l’actualité. Parfois, cela peut éclairer le propos.
Bonne lecture. JDOK
La France stratégique vue de :
Tunis (Abderaouf Ounaies)- 6 janvier 2016
Grande-Bretagne (Julian Lindley-French)- 20 janvier 2016
Madrid (Felix Arteaga)- 3 février 2016
Rome (Ferdinando San Felice di Monteforte)- 17 février 2016
L’accord obtenu entre les Européens et le Grèce, lundi matin, est incontestablement perdant-perdant. S’il a soi-disant sauvé l’Eurozone, il a engagé la destruction de l’UE. Les torts sont partagés mais les dégâts profonds.
A. Tsipras a été inconséquent : on ne choisit pas une ligne ultra dure si on n’est pas prêt à aller jusqu’au bout. Jouer gros au poker suppose des nerfs solides et une capacité à tenir une forte intensité dans l’affrontement que le dirigeant grec n’avait manifestement pas. Il n’avait d’ailleurs pas de plan B, celui d’organiser la sortie de l’euro. A partir de ce moment, son bluff ne pouvait pas fonctionner. Les Européens l’ont compris la semaine dernière lorsqu’après le référendum, ils ont vu que A. Tsipras ouvrait toutes les portes aux compromis : renvoi de I. Varoufakis, proposition d’un plan très proche de celui qui avait été refusé par référendum, discours convenable au Parlement européen. Par ces signes, A. Tsipras signalait qu’il était prêt à aller à Canossa. Il en est revenu comme les bourgeois de Calais, en pénitent et la corde au cou. Continue reading “Le déchainement irrémédiable (Grèce et UE)”→
Le 5 juillet 2015, date du référendum grec, demeurera inscrit comme un moment d’exception, doté d’une intensité susceptible d’infléchir substantiellement le cours de l’histoire européenne. Beaucoup de commentateurs ont souligné à juste titre le contraste entre ces réunions feutrées de l’Eurogroupe où l’on cultive un entre soi européen codifié par une grammaire technocratique opaque et l’irruption d’un peuple éprouvé par la dureté des programmes d’austérité successifs mais renaissant pour s’affirmer comme un acteur politique soucieux de reprendre en main son destin.
Un moment souverain
La proclamation des résultats ne consacrait pas seulement une victoire éclatante de Tsipras dans cette douloureuse partie de bras de fer qui l’opposa aux créanciers de son pays. Il n’adressait pas seulement un cinglant démenti aux oracles approximatifs, sondeurs et autres faiseurs d’opinion grecs et européens, aux institutions européennes, aux marchés financiers et aux responsables politiques s’immisçant sans retenue dans la vie politique d’un pays en situation d’asphyxie bancaire. Le 5 juillet marqua le retour d’une idée consubstantielle à l’idée démocratique qui dispose que le peuple grec est dépositaire de la souveraineté et qu’il est libre de choisir de ce qu’il juge souhaitable ou indésirable pour l’avenir de son pays. Continue reading “Grèce : le pari de la souveraineté (par A. Seiti)”→
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