La dialectique de l’imam Dicko : de la chaire au pouvoir

Voici la deuxième tribune de notre dossier Mali (voir ici). La première a décrit le colonel Goïta (voir ici).

Cela fait quinze ans que la silhouette toujours vêtue et coiffée de blanc de Mahmoud Dicko est familière des Maliens. Époux de deux femmes et père d’une dizaine d’enfants, originaire d’une famille de notables de Tombouctou, il est passé par les écoles coraniques d’Arabie saoudite, avant de revenir dans sa première mosquée, à Bamako, dans les années 1980.

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Dans un pays à 95 % musulman, Mahmoud Dicko incarne le courant rigoriste inspiré du wahhabisme saoudien, qui a pris le contrôle du Haut conseil islamique (HCI) malien au détriment de l’islam local malékite. Chef du HCI (jusqu’en 2019), il a mené et gagné, en 2009, la bataille contre la réforme du Code de la famille jugée « anti-islamique ».

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L’action déterminée du colonel Goïta : plus Sankara que Poutine

Voici la première tribune de notre dossier Mali (voir ici).

Un profil prétorien affirmé

Le nouveau président par intérim du Mali, le colonel Assimi Goïta, surnommé « Asso » par ses proches, a 38 ans, est marié et père de trois enfants.

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Il est décrit comme un homme « rigoureux, tenace, adepte des défis et apte au commandement ». Selon les militaires français qui l’ont côtoyé et le décrivent en des termes analogues, c’est « un homme droit, un pro qui ne laisse rien passer, déterminé et peu disert ». Fils d’un officier de l’armée de Terre, il fréquente le prytanée militaire de Kati et le lycée de la Défense nationale.

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Dossier Mali

La France par la voix de son Président de la République a décidé le 10 juin 2021 de changer le cadre de son intervention au Mali et de mettre fin à l’opération extérieure Barkhane qui avait été lancée en 2014 pour prolonger et amplifier l’intervention lancée en urgence en janvier 2013 (Opération Serval). Cette décision unilatérale a été prise rapidement après la suspension le 4 juin des opérations conjointes avec les forces maliennes. On s’inquiétait alors de la déposition brutale le 25 mai du président et du premier ministre de la Transition par le vice-président, le colonel Assimi Goïta, instigateur du coup d’état d’août 2020 qui avait chassé le président Ibrahim Boubacar Keita. Chef des forces spéciales du Mali, l’homme fort du Mali a justifié son coup de force par le non-respect de la charte de transition par les autorités politiques nommées pour conduire le pays à des élections générales en février 2022. En tranchant ainsi nettement le nœud gordien malien, la France rebat les cartes militaires du Sahel et veut engager les Européens dans la sécurité régionale de l’Afrique de l’Ouest.

La Vigie qui observe de près les réalités maliennes depuis 2014 était invitée à Bamako au 21ème forum annuel qu’organise « le Président » Abdullah Coulibaly à présenter ses vues sur la sécurité au Sahel. Le Pr Kader Abderrahim, directeur de recherche, y a passé une semaine.

C’est pendant le Forum qu’a eu lieu « le coup de force » du 25 mai qui a accéléré et cristallisé le changement de posture envisagé par la France depuis quelque temps. Quel est le sens de la démarche assurée du colonel Goita qui défie la communauté internationale, la France et la Cedeao et quelles sont les dialectiques en jeu dans ce second coup de force ? Qui est l’imam Dicko, souvent présenté comme le véritable homme fort et l’arbitre politique du pays ? Quels sont les enjeux et les perspectives de ce changement de cadre de la sécurité du Sahel ?

La Vigie a établi un dossier présentant trois tribunes libres pour présenter son témoignage et ses réflexions sur ce sujet complexe. Il est co-publié par la Revue Défense Nationale (ici)

  • Tribune 1 : l’action déterminée du colonel Goïta : plus Sankara que Poutine
  • Tribune 2 : la dialectique de l’Imam Dicko : de la chaire au pouvoir
  • Tribune 3 : Analyse initiale et perspectives post-Barkhane

La Vigie et Kader Abderrahim

Guerre au Rwanda, L’espoir brisé, 1991-1994 (GCA Delort)

Comment interpréter la guerre civile du Ruanda qui a conduit au génocide que l’on sait ? Un récent rapport a tenté de faire le point. Nous l’avions évoqué en parlant de la confrontation de la mémoire et de l’histoire (voir billet), registre souvent confondu dans les commentaires entendus ces dernières semaines.  Il nous a semblé important de rendre compte du livre d’un acteur de l’époque, le GCA (2S) Delort. Martine Cuttier et Jean Dufourcq signent ce billet, merci à eux. LV

Début mars 2021, les Mémoires du général (2S) Dominique Delort paraissent peu avant la remise, fin mars, du rapport Duclert sur le Rwanda au président de la République. Tous deux éclairent un épisode aussi sensible pour les militaires que précieux pour les sociologues, politologues et historiens des questions militaires. Il s’agit en effet du rapport, en temps de crise, entre pouvoir et armées, celles-ci formant avec la diplomatie l’instrument de conduite par l’exécutif de la politique étrangère.

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La Vigie n° 166 : Fin de l’État ? | Posture stratégique de l’Italie | Lorgnette : Domino tchadien

Lettre de La Vigie datée du 28 avril 2021

Fin de l’État ?

Il nous semble évident de vivre dans un État. Pourtant, l’organisation étatique moderne est le résultat d’un long processus et l’État de droit contemporain n’est pas une constante. Aujourd’hui, les États sont remis en cause par divers moyens, ce qui les fragilise et décrédibilise. Comment dès lors renforcer la légitimité de l’État ?

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Posture stratégique de l’Italie

L’Italie contemporaine, héritière de trois Rome, est fondamentalement méditerranéenne et existentiellement européenne. Ces déterminants ne l’empêchent pas d’avoir une alliance très profonde avec les États-Unis tout en conservant une relation spéciale avec la Russie. En Europe, elle entretient une relation compliquée avec l’Allemagne, fruit d’une expérience multiséculaire. Le Brexit provoquant une remise à jour des équilibres européens, la période est favorable à un rapprochement entre Paris et Rome, malgré les frictions récentes et pour peu que la France oublie sa condescendance.

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Lorgnette : Domino tchadien

La mort violente (dans des circonstances troubles) d’Idriss Déby, le président tchadien, constitue un tremblement de terre géopolitique. Il est d’abord intérieur car en bon despote, il n’avait pas préparé sa succession. Sans même parler de la représentation des aspirations populaires, son système aura du mal à se perpétuer et devrait relancer les rivalités entre clans. Rappelons que la conquête du pouvoir s’est toujours faite par les armes, notamment par les tribus du Nord.

Mais c’est surtout l’équilibre régional et le dispositif sécuritaire français qui sont fragilisés. Dans le dispositif militaire laissé en Afrique après la Guerre froide, N’Djamena a toujours occupé une place de choix grâce à sa position centrale. Elle s’est plus que jamais renforcée à la suite des troubles dans la bande sahélo-saharienne qui se succèdent depuis une décennie et notamment de l’intervention au Mali. Rappelons que le PC de l’opération Barkhane est justement situé à N’Djamena et que les troupes tchadiennes étaient les seules efficaces du G5 Sahel sur lequel Paris fonde tant d’espoir. Par effet de domino, tous les pays de la région peuvent désormais chuter. C’est une mauvaise nouvelle.

JOCV

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La Vigie n° 163 : L’allié grec | Introduction aux opérations multidomaines | Lorgnette : Sénégal troublé

Lettre de La vigie datée du 17 mars 2021

L’allié grec

Depuis les tensions de l’été dernier en Méditerranée orientale, la France s’est rapprochée de la Grèce. Celle-ci a réglé tous ses différends avec ses voisins balkaniques. La profonde rivalité avec la Turquie demeure, aggravée par la question chypriote. Le rapprochement avec la France est logique du point de vue d’Athènes. Pour Paris, il faudra veiller à ce que cela ne soit pas seulement un coup diplomatique mais une alliance durable.

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Introduction aux opérations multidomaines

La synergie des engagements militaires multi-domaines a connu une accélération à partir de 2014. Le développement de stratégies hybrides, combinant des modes d’actions militaires et non-militaires de la part de compétiteurs ou de perturbateurs stratégiques, étatiques ou non, a conduit les États-Unis à structurer leur approche des opérations multi-domaines (MDO) et à solliciter leurs alliés. Comme à chaque fois qu’émerge un nouveau concept à caractère stratégique et opérationnel, chacun d’eux est amené à se l’approprier avant d’envisager une réponse commune interopérable et coordonnée. La France s’y prépare. Les prochains sommets de l’OTAN et de l’UE pourraient voir l’adoption des premières initiatives multilatérales concrètes.

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Lorgnette : Sénégal troublé

Les événements de ces derniers jours au Sénégal sont inquiétants. En effet, l’arrestation du principal opposant au pouvoir, Ousmane Sonko, a déclenché une série d’émeutes sanglantes (une dizaine de morts, près de 600 blessés). Si la situation s’est depuis apaisée, elle révèle plusieurs tendances. Tout d’abord que la démocratie sénégalaise, souvent citée en exemple, n’est pas à l’abri de soubresauts. Qu’on se souvienne de ce qui est arrivé il y a vingt ans en Côte d’Ivoire. Le président, Macky Sall, reste très ambigu sur une éventuelle troisième candidature et a réussi à éliminer l’opposition… sauf Ousmane Sonko, qui n’est pas du sérail. Il s’est fait un nom en arrivant troisième à la dernière élection présidentielle en dénonçant la corruption mais aussi l’influence française.

Or, ce sentiment antifrançais se répand dans tout l’ancien pré carré africain. C’est prêter beaucoup de pouvoir à la France mais l’affaire intervient alors que le débat fait rage autour de l’opération Barkhane. Si les esprits sont concentrés sur le Sahel, il convient de demeurer prudent envers les appuis solides de la région. Un Sénégal déstabilisé serait une très mauvaise nouvelle pour tous.

JOCV

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La Vigie n° 160 : Djibouti, carrefour stratégique convoité | Risques et conflits | Lorgnette : Nouveau départ

Lettre de La Vigie datée du 3 février 2021

Djibouti, carrefour stratégique convoité

Point d’appui établi à la convergence des grandes routes maritimes reliant l’Asie et le Moyen-Orient d’une part, à l’Afrique et l’Europe d’autre part, devenu carrefour stratégique pendant la Guerre froide, la République de Djibouti a vu sa dimension stratégique se renforcer à l’entrée dans le XXIème  siècle. Faisant l’objet d’investissements économiques massifs de la Chine et accueillant sur son sol les bases militaires de six pays étrangers différents, celles de la Chine et des États-Unis dépassant celle de la France (ancienne puissance souveraine sur le territoire), ce minuscule État s’est engagé dans une diplomatie subtile et lucrative, non dépourvue de risques, afin de garantir son autonomie politique, sa sécurité et son développement.

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Risques et conflits

2021 permettra de construire les programmes électoraux de 2022. La récente publication d’une Actualisation de la Revue stratégique de 2017 s’inscrit dans ce cadre. L’exercice est classique, bien écrit, un peu convenu mais il sert surtout à justifier des besoins capacitaires. Il manque d’audace par rapport à des risques non discernés et à une nouvelle conflictualité, ambivalente et sous le seuil, extérieure comme intérieure. Il n’ébauche pas une nécessaire stratégie intégrale. C’est dommage.

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Lorgnette : Nouveau départ

À peine arrivé, Joe Biden a proposé la prolongation pour cinq ans du traité New Start. La Russie a accepté aussitôt. C’est une bonne nouvelle. New Start était en effet le dernier traité de contrôle des armements en vigueur. Bilatéral, il liait Washington et Moscou pour limiter le nombre de leurs armes nucléaires. Il arrivait à expiration le 5 février et il est probable qu’un Donald Trump réélu aurait laissé passer l’échéance, comme il s’était retiré d’autres traités. Telle n’a pas été la décision de son successeur.

La prolongation signifie que le dialogue bilatéral devrait reprendre de façon plus classique, ce qui ne signifie pas que les tensions vont s’apaiser. On se souvient de l’obsession du Parti Démocrate envers la « fraude russe » et le soupçon de connivence entre MM. Trump et Poutine. J. Biden devra tenir compte de cette frange de son parti. Cependant, revenir dans le cadre des négociations internationales est un bon signal. Surtout, cela rouvre des perspectives sur les questions nucléaires : mise à jour de l’accord JCPOA avec l’Iran ou encore traitement du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN cf. LV 87). Nous suivrons cela avec attention.

JOCV

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Crédit photo :gailhampshire on Visualhunt / CC BY

Les initiatives maliennes de démobilisation à l’épreuve des tribulations politiques bamakoises (G. Lemarchand)

Nous sommes heureux d’accueillir ce texte d’un jeune chercheur, Gildas Lemarchand, étudiant en master 2, sur le processus DDR au Mali. Merci à lui/ LV

La profusion d’analyses sur la crise du Sahel occidental s’est récemment recentrée sur l’idée d’une solution purement malienne. Cela résulte d’abord de la transition nationale engagée suite au renversement d’Ibrahim Boubacar Kaïta (IBK) le 18 août 2020, mais plus encore des premières négociations du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) avec les groupes armés terroristes (GAT) maliens qui aboutissent à la libération d’otages le 9 octobre 2020, contre celle de deux cents djihadistes et le versement d’une rançon conséquente. Si ces capacités à communiquer entre maliens constituent une bonne nouvelle en soi pour les perspectives de pacification du Mali, la priorité est de gérer ces échanges entre les différents acteurs locaux afin de conserver un positionnement français cohérent.

Lien vers carte du processus DDR : Cliquez ici

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Putsch du 18 août 2020 au Mali ou les 10 commandements pour réussir son coup d’État (G. Mathias)

Gregor Mathias nous adresse ce long texte analysant le coup d’État au Mali de cet été. Il est docteur en histoire et travaille sur les problèmes de sécurité et de défense en Afrique. Il a publié plusieurs ouvrages et articles sur Le Mali et la Centrafrique au moment du déclenchement des opérations Serval et Sangaris. Mille mercis à lui pour son texte détaillé. LV.

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Le coup d’État reviendrait-il en force en Afrique ? Deux cent sept coups d’État, avortés ou réussis, ont eu lieu sur le continent en Afrique depuis 1950 avec une prédilection des putschistes pour l’Afrique subsaharienne et l’Afrique de l’Ouest. Néanmoins, le phénomène est en déclin, les décennies 2000 et 2010 n’ont connu qu’une vingtaine de coups d’État en moyenne, contre le double, dans les décennies précédentes.

Quant au Mali depuis 60 ans, il a eu 4 coups d’État et a renversé 4 chefs d’État (1968, 1991, 2012, 2020) sur les 5 présidents de son histoire. Le coup d’État est donc classique pour ce pays et les pays voisins pour accélérer les transitions politiques, comme, en 2010 au Niger, en 2011 en Côte d’Ivoire, et en 2014 au Burkina Faso.

Après une interview le 19 août pour La Croix sur la situation au Mali après le putsch des officiers (voir ici) et deux mois après le coup d’État, nous avons décidé de revenir sur les dix grandes étapes qui ont permis aux 7 colonels de prendre le pouvoir au Mali de s’imposer à la communauté internationale et à l’opinion publique malienne.

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La Vigie n° 155 (GRATUIT) : Après Hong-Kong, Taïwan ? | La nouvelle doctrine Macron | Lorgnette : Soudan russe

Lettre de La Vigie n° 155 du 25 novembre 2020

Après Hong-Kong, Taïwan ?

Après l’abrogation anticipée de la Loi Fondamentale à Hong Kong et la promulgation de la Loi sur la Sécurité Nationale, le 1er juillet 2020, Pékin a affaibli sa crédibilité internationale tout en adressant un signal clair sur la manière retenue afin de régler des différends à caractère international, considérés par le Parti Communiste comme des affaires intérieures chinoises. Dans un contexte stratégique instable, où les relations entre la Chine et les États-Unis ne manqueront pas de connaitre des tensions, la normalisation du statut de Taïwan est une question à laquelle les meilleures chancelleries doivent se préparer de manière concertée, au risque de se retrouver à nouveau dépourvues.

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La nouvelle doctrine Macron

Le récent entretien donné par le Président de la République sur la politique étrangère constitue une “doctrine Macron”. Le diagnostic est clair et témoigne d’une belle évolution. La dénonciation d’un consensus de Washington est lucide, l’appel à l’autonomie stratégique européenne est précisé, la désignation d’un axe euro-africain marque une priorité . Il reste que ce discours brillant manque peut-être de pédagogie avec nos voisins et partenaires et masque difficilement les limites de la mise en œuvre de cette ambition.

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Lorgnette : Soudan russe

La Russie semble partout. On la voit en Syrie, dans le Caucase, en Libye, en Égypte (LV 99) pour n’évoquer que des pourtours méditerranéens. Voici qu’elle vient de signer un accord pour établir une base navale au Soudan. Cela témoigne d’une « grande stratégie » qui articule plusieurs éléments : d’abord, le retour en Afrique que l’on constate depuis de longues années, avec des actions en RCA et des liens plus solides avec diverses puissances du continent. Ensuite, une ouverture obstinée vers des « mers chaudes », en l’espèce l’océan Indien. Quand Chine et Japon ont établi des bases à Djibouti, Moscou s’installe un peu plus au sud, permettant ainsi un relais vers l’Afrique de l’Est et l’Indo-Pacifique. Notons enfin la consolidation d’une puissance maritime renaissante, densifiée encore par l’ouverture du passage du nord.

Du point de vue soudanais, alors que le régime transitoire a vu le départ d’Omar el Béchir (voir billet et LV 123), l’ouverture du jeu est manifeste : il s’agit de trouver des relais hors des parrains américains et séoudiens (même si Khartoum s’est rapproché d’Israël). Mais aussi de peser face à des voisins problématiques (Soudan du sud, Égypte, voire Éthiopie et Tchad).

JOCV

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Crédit photo : Le grand continent