La Vigie n° 186 : Coups africains | Géorgie tiraillée | Lorgnette : ouverture indonésienne

Lettre de La Vigie du 16 février 2022

Coups africains

Les récents coups d’État au Mali et au Burkina-Faso montrent la déception des élites et des populations africaines envers la France. Cela s’explique par une grande erreur stratégique, mélange de bonne conscience, d’utilisation trop longue de l’outil militaire, de manœuvres de gouvernance inadaptées et finalement, d’intérêts mal compris et donc mal mis en œuvre. La France a déçu et c’est de sa faute. Elle doit en tirer les conséquences.

Pour lire l’article, cliquez ici

Géorgie tiraillée

La Géorgie est le seul pays du Transcaucase a être ouvert sur l’Occident, sur la Mer Noire, sur l’Europe. Le pays est hanté par les démons de conflits avec des provinces séparatistes et sa relation compliquée avec la Russie. Sa tentative de rapprochement avec les États-Unis s’est soldée par un échec, notamment militaire, mais la Géorgie a depuis entamé une nouvelle voie vis-à-vis de l’Union Européenne. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée !

Pour lire l’article, cliquez ici

Lorgnette : ouverture indonésienne

La récente vente de 42 chasseurs Rafale à l’Indonésie est bienvenue, pour des raisons industrielles évidentes. S’il n’est pas sûr que cela favorise la défense française, cela constitue en revanche un atout dans notre politique étrangère, notamment en Asie du Sud-Est, terme ici plus exact que l’Indo-Pacifique. Notons d’ailleurs que cette vente s’accompagne de celle de deux sous-marins Scorpène. L’affront AUKUS est réparé (LV 176).

Paradoxalement, il a peut-être servi. En effet, comme beaucoup de pays de la région, l’Indonésie veille à une politique d’équilibre entre la Chine et les États-Unis, veillant à ne pas trop dépendre de l’un ni de l’autre. Elle avait suivi avec intérêt notre partenariat stratégique et industriel avec l’Inde, ce qui l’a incitée à examiner notre offre avec attention. Mais il est fort probable que la décision unilatérale des Australiens a joué : en estimant que la France n’était pas assez sûre, l’Australie a prouvé qu’a contrario la France avait une position équilibrée dans la région ? Ce fut probablement l’argument décisif pour Jakarta. Ainsi, outre l’Inde et Singapour, la France obtient un troisième partenaire dans cette Asie du Sud et du Sud-Est. Espérons que ce ne soit pas le dernier.

JOCVP

Abonnés : cliquez directement sur les liens pour lire en ligne ou téléchargez le numéro pdf (ici), toujours avec votre identifiant/mot de passe. Nouveau lecteur : lisez l’article au numéro, en cliquant sur chaque article (2,5 €), ou alors en vous abonnant (abo découverte 17 €, abo annuel 70 €, abo. orga 300 € HT) : ici, les différentes formules.

Crédit photo : alicroche on VisualHunt

Coups africains (LV 186)

Les récents coups d’État au Mali et au Burkina-Faso montrent la déception des élites et des populations africaines envers la France. Cela s’explique par une grande erreur stratégique, mélange de bonne conscience, d’utilisation trop longue de l’outil militaire, de manœuvres de gouvernance inadaptées et finalement, d’intérêts mal compris et donc mal mis en œuvre. La France a déçu et c’est de sa faute. Elle doit en tirer les conséquences.

This content requires that you purchase additional access. The price is 3.00€ 3.00€ or free for our Abonnement 3 mois et Abonnement 1 an members.

Acheter cet article (3.00€) Choisir un abonnement

La Vigie n° 183 : De 2021 à 2022, encore l’incertitude ! | Mésentente cordiale | Lorgnette : Nobels sud-africains

Lettre de La Vigie du 5 janvier 2022

De 2021 à 2022 : Encore l’incertitude !

L’année 2022 s’annonce encore très incertaine : une Amérique banale, une Russie déclassée, une Chine crispée, un Moyen-Orient hésitant, une Afrique en panne et une Europe indécise ne favorisent pas de grands bouleversements stratégiques. La rivalité sino-américaine demeure le principal facteur structurant. Quant à la France, il faudra passer l’élection présidentielle pour y voir clair.

Pour lire l’article, cliquez ici

Mésentente cordiale

Avec 2021 s’est achevée l’année voulue comme celle du renouveau du leadership du Royaume-Uni sur les affaires du monde. Tandis que le 1er janvier 2022 marquait le premier anniversaire de l’entrée en vigueur effective du Brexit, que retenir de ces douze mois ? Qu’en déduire pour l’avenir de la relation franco-britannique et la normalisation de la relation entre l’UE et le Royaume-Uni ?

Pour lire l’article, cliquez ici

Lorgnette : Nobels sud-africains

Deux prix Nobel sud-africains viennent de décéder à un mois d’intervalle.

Frederik de Klerk, dernier président blanc de l’Afrique du Sud, avait mis fin à l’apartheid et organisé une transition pacifique vers un régime démocratique qui avait permis aux Noirs d’accéder au pouvoir. Il avait obtenu le prix Nobel de la paix en 1993 avec Nelson Mandela. C’est lui qui change la doctrine du Parti National à partir de 1989, légalise les partis noirs et libère Mandela en 1990. L’abolition officielle de l‘apartheid a lieu en 1991. Il meurt le 11 novembre 2021.

Desmond Tutu est un évêque anglican noir qui, venu d’un milieu modeste, prêche la réconciliation entre les peuples. Son combat pour la non-violence lui fait obtenir en 1983 le prix Nobel de la paix. Il préside la Commission de vérité et réconciliation qui permet de faire la lumière sur bien des crimes et qui évite l’affrontement que tous prévoyaient à l’issue du changement de régime. Il n’hésita pas à dénoncer les dérives des successeurs de Mandela, notamment J. Zuma. Il est mort le 26 décembre 2021.

Deux hommes de bien qui vont manquer à l’Afrique du Sud qui connaît aujourd’hui bien des tourments. Puissent leurs successeurs être à la hauteur.

JOCV

Abonnés : cliquez directement sur les liens pour lire en ligne ou téléchargez le numéro pdf (ici), toujours avec votre identifiant/mot de passe. Nouveau lecteur : lisez l’article au numéro, en cliquant sur chaque article (2,5 €), ou alors en vous abonnant (abo découverte 17 €, abo annuel 70 €, abo. orga 300 € HT) : ici, les différentes formules.

Crédit photo : gr37 on VisualHunt.com

Mali : La sécurité se détériore, la crise s’approfondit (K. Abderrahim)

De retour d’un voyage au Mali où il a pu rencontrer de nombreux responsables, le Pr Abderrahim, directeur de recherche associé de La Vigie, nous propose ce texte qui fait le point sur la situation politique et sécuritaire du pays. Elle n’est pas très encourageante, malheureusement. LV

Continue reading « Mali : La sécurité se détériore, la crise s’approfondit (K. Abderrahim) »

La Vigie N° 175 : Vingt ans après (le 11 septembre) | Milieu terrestre : quel avenir ? | Lorgnette : Guerre au Tigré

Lettre de La Vigie du 15 septembre 2021

Vingt ans après (le 11 septembre)

Qui se souvient du 11 septembre ? Beaucoup moins de gens qu’on le croit alors que ce fut le premier événement ayant une résonance immédiatement mondiale, victoire stratégique des agresseurs. Elle marqua un tournant de l’Amérique, qui n’est pas aussi définitif qu’on le dit ; l’islam politique est apparu central, même si personne ne s’ait s’il est vraiment durable. Enfin, le 11 septembre marqua le début des désillusions européennes dont nous ne sommes pas sortis.

Pour lire l’article, cliquez ici

Milieu terrestre : quel avenir ?

L’armée de terre française n’a pas forcément été sous les feux de la rampe dernièrement. Selon ses propres dires, elle se prépare à des guerres de plus en plus dures et sa remontée en puissance, notamment capacitaire, est en cohérence avec sa nouvelle doctrine. Pourtant, face à la dangerosité du monde, il nous faudra trouver des alliés fiables.

Pour lire l’article, cliquez ici

Lorgnette : Guerre au Tigré

Depuis novembre 2020, la guerre sévit au nord de l’Éthiopie. Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2019 pour sa réconciliation avec l’Érythrée, s’est en effet lancé dans une politique de centralisation de ce pays fédéral. Rapidement il a voulu mettre au pas le Tigré, province du nord qui avait joué un rôle politique majeur au cours des décennies passées : ce sont les Tigréens qui avaient mis à bas le régime de Mengistu (le Staline noir), et avait dirigé le pays depuis 1991.

Minoritaires (7% des 110 Mh), ils s’étaient alliés avec l’ethnie Oromo mais avaient dû quitter le pouvoir il y a trois ans car leur gestion était jugée trop partiale. Celle de leur successeur qui était apparu comme un homme de compromis l’a été encore plus puisqu’il a lancé les hostilités l’an dernier. Or, après des revers initiaux, les Tigréens ont repris l’avantage et repoussé aussi bien les Érythréens qui attaquaient au nord que l’armée éthiopienne venant du sud. Depuis, ils se sont alliés à d’autres ethnies et le modèle fédéral menace d’éclatement, alors que les massacres et exactions se multiplient.

Le 2ème pays le plus peuplé d’Afrique risque sa survie.

Abonnés : cliquez directement sur les liens pour lire en ligne ou téléchargez le numéro pdf (ici), toujours avec votre identifiant/mot de passe. Nouveau lecteur : lisez l’article au numéro, en cliquant sur chaque article (2,5 €), ou alors en vous abonnant (abo découverte 17 €, abo annuel 70 €, abo. orga 300 € HT) : ici, les différentes formules.

Crédit photo :SeeMidTN.com (aka Brent) on VisualHunt.com

La Vigie n° 173 : Sur les fronts | Lorgnette : Voyage géopolitique au Maroc | Lectures d’été

Lettre de La Vigie du 4 août 2021

Sur les fronts

Alors que la « pause estivale » occulte l’actualité internationale en France, les affaires sérieuses continuent de se dérouler ailleurs. Voici donc une série d’instantanés stratégiques sur les frictions du monde : Tunisie, Afghanistan, Yémen, Polynésie, Pegasus, Sahel.

Pour lire l’article, cliquez ici

Lorgnette : Voyage géopolitique au Maroc

Mer, montagne et désert, le Maroc offre de multiples visages. Sultanat puis royaume pluriséculaire à l’histoire brillante et au riche patrimoine, c’est un pays à visiter pour comprendre les enjeux du Maghreb et de l’Afrique. Découvrez le Maroc en novembre prochain avec le Pr Kader Aberrahim et nos partenaires de Conflits et d’Ictus Voyages. Voici donc le premier voyage d’étude géopolitique de La Vigie !

Lors de ce périple, vous serez accompagnés de guides francophones ainsi que de Kader Abderrahim, professeur à Science Po, directeur de recherche associé à La Vigie  et auteur à Conflits. Il a notamment publié une Géopolitique du Maroc dont nous avons rendu compte (ici). Deux rencontres avec des personnalités marocaines sont prévues, à Marrakech et Tanger, pour échanger sur les grands enjeux géopolitiques du pays. Outre les sites historiques du Maroc, une visite commentée de Tanger Med, premier port d’Afrique, est également organisée. Renseignements et inscriptions ici.

Les transports sont effectués en autocar grand tourisme et les nuitées assurées en hôtel 4 étoiles.

Lectures d’été

Pour votre été, nous vous proposons de lire : Le versant du soleil (R. Frison-Roche) – It doesn’t take a hero (HN Schwarzkopf) – Unité 8200 (D. Alfon) – Quand la France commence-t-elle ? (B. Lançon) – Guerres invisibles (Th. Gomart) – Non-retour ( Jusseaume et alii).

Pour lire l’article, cliquez ici

JOCV

Abonnés : cliquez directement sur les liens pour lire en ligne ou téléchargez le numéro pdf (ici), toujours avec votre identifiant/mot de passe. Nouveau lecteur : lisez l’article au numéro, en cliquant sur chaque article (2,5 €), ou alors en vous abonnant (abo découverte 17 €, abo annuel 70 €, abo. orga 300 € HT) : ici, les différentes formules.

Crédit photo : actu fr

LV 173 : Sur les fronts

Alors que la « pause estivale » occulte l’actualité internationale en France, les affaires sérieuses continuent de se dérouler ailleurs. Voici donc une série d’instantanés stratégiques sur les frictions du monde : Tunisie, Afghanistan, Yémen, Polynésie, Pegasus, Sahel.

This content requires that you purchase additional access. The price is 3.00€ 3.00€ or free for our Abonnement 3 mois et Abonnement 1 an members.

Acheter cet article (3.00€) Choisir un abonnement

Analyses initiales et perspectives régionales post-Barkhane

Voici la dernière tribune de notre dossier Mali (ici), co-publié avec la RDN. LV

La veille du coup de force du 24 mai, La Vigie a présenté au Forum de Bamako une analyse et les recommandations sur la sécurité au Mali que voici. L’évolution de la situation depuis lors (dossier Mali) a donné un relief particulier à ces préconisations au regard des projets prêtés au colonel Goïta (tribune 1) et des calculs probables de l’imam Mahmoud Dicko (tribune 2).

Analyse sécuritaire du Mali dans la sous-région au printemps 2021

La situation qui prévaut au coeur de la région saharienne est celle d’une transition politique rapide entre des pouvoirs anciens et affirmés qui ont été éliminés, au Mali, au Niger et au Tchad, et des équipes de transition ou de remplacement à base militaire arrivées pour exercer par défaut un pouvoir transitionnel.

Au Mali où l’essentiel des problèmes sécuritaires se focalise aujourd’hui dans la « zone des trois frontières », la situation est critique avec une tension vive exercée par des groupes armés que les forces extérieures de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, déployée depuis 2013) et de Barkhane n’arrivent pas à contrer. Un sentiment d’échec prévaut. Au Nord du Mali, les trois pays du Maghreb central connaissent un regain de tension focalisé sur le Sahara occidental à l’Ouest et la décomposition libyenne à l’Est. Les causes sont d’abord domestiques et à rechercher en Algérie et au Maroc. Dans ces trois pays, les structures politiques sont fragiles et la pression islamiste est forte. Au Sud du Mali, l’instabilité tend à se propager aux pays côtiers limitrophes et à se raccorder à la forte criminalité qui s’est enracinée dans le golfe de Guinée. Continue reading « Analyses initiales et perspectives régionales post-Barkhane »

Sur la pointe des pieds (Le Cadet n° 82)

Du temps de Giscard – comme on dit du temps de Foccart –, on racontait cette histoire d’un chef d’État africain houspillant un de nos ambassadeurs parce qu’un bataillon de Marsouins s’était installé dans l’État voisin, interrompant les excuses embarrassées de notre diplomate rassurant le président qu’il n’y avait pas d’intention maligne, d’un tonitruant : « J’entends bien. Mais j’y ai droit, moi aussi ! ». Voilà que l’heure de vérité a sonné. Les Africains s’aveuglent : non, la France ne traite pas ses ex-colonies comme des sous-préfectures ; non, le retrait de Barkhane n’est pas une fausse sortie pour se faire supplier de revenir, coup de bluff pour revivifier la Françafrique ; c’est le signal que la France s’en va. Elle le savait depuis la faute de l’intervention en Libye, qui lui revient en boomerang.

Qu’apporte-t-elle de différent des autres, à part ses Légionnaires qu’on y croit toujours disponibles parce qu’ils sont prépositionnés et connaissent le continent ? Depuis le Rwanda et les délires sur sa prétendue responsabilité, le ressort s’est cassé. L’armée française est usée de décisions politiques inconséquentes qui ont découragé plusieurs CEMA, comme la France l’est des flatteries d’Africains qui la prennent pour une puissance surtout lorsqu’ils la traitent de faiseuse de rois et de pilleuse de minerai. Elle ne veut plus tenir ce rôle de gendarme auquel elle tient moins que ceux qui croient ne pas pouvoir se passer d’elle, soixante ans après les indépendances. Elle s’épuise au moment où elle doit redéfinir son format – pas celui OTAN-Scorpion qui ne fait qu’accélérer sa déqualification, mais celui qui lui permettra de retrouver l’art français de la guerre. Elle tire sur la corde d’un matériel chichement compté et inadapté au Sahel (bombardement de Bounti le 3 janvier 2021 [1]), et de militaires qui ne reçoivent en retour de leurs efforts que l’accusation de perpétrer le régime colonial de grand-papa.

Même si nous allons en partir sur la pointe des pieds, comme demandait naguère Antoine Pinay de l’Indochine, il s’agit d’une vraie décision stratégique qui solde un passé suranné qu’il ne sert à rien de pérenniser. Les Africains découvriront l’ouverture d’esprit des soldats russes et l’amabilité, dénuée de toute trace de racisme, des bataillons d’ingénieurs chinois qui s’isoleront dans leurs dortoirs sécurisés, avec leurs magasins interdits aux locaux et leur remake du Paris-Dakar dans les rues de Bamako. Ils savent déjà apprécier l’empathie des rares membres des forces spéciales américaines qu’ils aperçoivent parfois de loin au côté de Barkhane. Et quand la Banque de France cessera de contre-garantir la nouvelle monnaie africaine sur ses propres réserves, les grands argentiers du continent iront négocier à la BCE de Francfort sa libre convertibilité avec l’Euro et un taux de change fixe, avec des Allemands et des Néerlandais qui adorent qu’on leur parle de relance par le déficit et l’inflation. Mais ne rêvons pas : l’Afrique regrettera aussi peu la France que la France regrettera l’Afrique.

Cadet n° 82

[1] Le problème n’est pas que la présence d’hommes en armes ait induit en erreur sur la nature festive du regroupement, mais que le matériel made in USA et le mode opératoire qui lui est consubstantiel – on l’a vu à d’innombrables reprises en Afghanistan, mais c’était déjà le cas au Viêt Nam – arbitre en faveur de la destruction d’un mariage lorsqu’il permet de neutraliser quelques djihadistes, et non l’inverse. L’otanisation de nos armées est à ce prix, qu’il faut désormais assumer – ce qui posera un jour la question de l’adhésion de la France à la CPI.