MCO des armées et souveraineté technologique

Nous avons le plaisir d’accueillir le premier texte d’un de nos chercheurs associés, le GDA (2S) E. Patry, ancien directeur du CICDE. Merci à lui et bienvenue parmi nous. LV

Un nouveau cadre stratégique, l’ambition d’une puissance d’équilibre

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Depuis quelques années déjà, le président Emmanuel Macron répète avec insistance dans nombre de ses discours, notamment celui du 26 septembre 2017 sur l’Europe et celui du 7 février 2020 sur la Défense, l’importance d’orienter et de construire la politique et l’action publique dans la finalité, pour la France et l’UE, de s’assurer d’une pleine souveraineté. Cette « grande stratégie [1]» permet de fixer un cap et une ambition pour notre pays dans un cadre européen et de s’en donner les moyens, après 4 décennies plutôt naïves de « wishfull thinking »[2] et de conduite d’actions de court terme.

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Histoire de la grenouille (Le Cadet n° 62)

La maquette 1/1 de l’avion de combat qui sera au centre du Système de combat aérien futur, a été dévoilée au Bourget. Première constatation, il ne ressemble à rien, et certainement pas à un avion. Peut-être un air de famille avec le J-20 chinois, copie du F-22 américain.

Il parait que c’est la firme Dassault, qui dessina naguère le Mystère et le Mirage, qui en est l’auteur. Mais leur génial créateur ne disait-il pas qu’un bon avion est un bel avion, et réciproquement ? On peut déjà être certain que, à l’image du F-35, l’aéronef volera mieux qu’un aspirateur mais moins bien qu’une planche à repasser. Seconde évidence : là où soixante-quinze ans d’art aéronautique français ont marié grâce et légèreté, ce machin est beaucoup trop lourd. On nous dit qu’il devra emporter ses bombes en soute, c’est le miracle de la furtivité. Comme l’a toutefois rappelé récemment le CEMAA, « c’est furtif quand on est en face-à-face, mais quand on arrive à passer à l’arrière, on est toujours capable de récupérer la chaleur et donc la signature infrarouge. »

Mais comme en 1940, l’ennemi n’a pas à faire ce qu’on n’a pas prévu qu’il fasse. Il nous faudra surtout un porte-avions de 20 000 tonnes de plus que le Charles-de-Gaulle, avec des catapultes magnétiques encore en développement et des chaudières nucléaires gonflées en conséquence, pour au final ne délivrer par frappe qu’à peine plus que ce que projettent les Rafale.

« Envieuse sétend, et senfle, et se travaille. »

Le fiasco de l’A-400 M n’a pas servi de leçon. La DGA vient de réceptionner le quinzième appareil et le compte n’y est toujours pas. « Les capacités tactiques de cet aéronef illustrent le chemin récemment parcouru vers le standard cible », souligne la DGA avec un art consommé de l’euphémisme qui semble étranger au CEMAT : « Je ne suis pas content de la transition entre le Transall et l’A-400M pour une raison simple : s’il est un avion exceptionnel en termes de transport logistique, il ne l’est pas du tout en termes de transport tactique ».

« Senfla si bien quelle creva. »

Et il y a notre matériel roulant, passé du roues-canon léger au standard OTAN. Un A-400 M pourrait aérotransporter trois VAB-NG, il ne projettera qu’un seul VBCI, VBRM ou EBCR, lesquels ne rentrent pas dans nos derniers Transall. « Nous allons équiper nos hommes, et non recruter pour notre équipement », disait un général des US Marines. Trop tard : voilà vingt ans que les ingénieurs n’en font qu’à leur tête et que les chefs d’état-major parlent dans le vide. « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages. » La Fontaine, reviens, ils sont devenus fous !

Le Cadet (n° 62)

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