Lettre de La Vigie du 20 mars 2024
Dissuasion et contournement
La nature même de la guerre en Ukraine nous interroge sur le rapport entre dissuasion et action conventionnelles. La recherche d’une intégration complète des actions militaires, au travers d’une approche en milieux physiques et champs immatériels, offre de manière paradoxale des possibilités plus fortes de contournement de la dissuasion par le bas du spectre. Cette question d’un éventuel contournement apparaît d’ailleurs de plus en plus critique pour l’Alliance atlantique, avec les enjeux liés à la crédibilité des moyens et à la solidarité entre Alliés, à l’heure des élections américaines.
Impossible victoire
Le mot de victoire paraît évident mais il recèle bien des pièges, tant il est marqué par l’histoire et un modèle occidental de la guerre. Or, les conflits de l’après-Guerre froide et les guerres les plus récentes montrent l’inadaptation de ce concept. Il nous faut repenser la victoire et la considérer comme une illusion : d’autres objectifs doivent être recherchés.
Lorgnette : L’implosion de la CéDéAO ?
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) vit des moments difficiles. Cette organisation « sous-régionale » (comme dit le jargon africain) réunissait 15 membres d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, du Nigéria au Sénégal et au Niger (mais sans la Mauritanie qui l’a quittée en 2000). Ayant une vocation à l’origine économique, elle s’adjoint à la fin des années 1990 une mission sécuritaire (création de l’Ecomog). Elle s’essaya à la médiation de crise (Mali 2013, Gambie 2017). Ses membres discutèrent à partir de 2019 d’une monnaie commune qui pourrait remplacer le franc CFA. Elle attirait puisque le Maroc et la Mauritanie demandèrent en 2017 à la rejoindre.
Mais les coups d’État à partir de 2021 entravent ce processus. Mali et Guinée sont suspendus, suivis du Burkina-Faso, quand le Niger voit ses transactions commerciales exclues et que certains évoquent une intervention militaire de l’organisation pour rétablir le président Bazoum. La rupture s’accentue puisqu’en janvier 2024, le Burkina, le Mali et le Niger annoncent quitter l’organisation. Le cœur sahélien s’éloigne du golfe de Guinée. L’avenir est incertain, comme suspendu.
JOVPN
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Crédit photo : Djof on VisualHunt.com
La notion de « contournement » de la dissuasion nucléaire peut se concevoir de la part de la France, qui pourrait se permettre d’engager des troupes au sol et donc d’infliger des pertes à la Russie sans que celle-ci puisse utiliser raisonnablement ses forces nucléaires car cela impliquerait une réponse meurtrière. La France pourrait ainsi aider concrètement l’Ukraine, et cela mieux que l’Allemagne ou même les USA ! Elle pourrait même entrainer dans l’aventure d’autre pays, comme la Pologne, la Russie ne pouvant menacer cette alliance…
Bref, un contournement permettant de faire une guerre conventionnelle qui n’aurait pour seule obligation que ne pas trop subir de pertes conventionnelles de la part de la Russie, celles-ci pouvant inclure ou pas et c’est tout le problème, des attaques conventionnelles sur le territoire français, les Russes disposant d’armes pour cela.
La chose serait en principe jouable à condition d’accepter de pouvoir supporter des humiliations variées comme des morts de soldats en Ukraine ou en France sans avoir à invoquer des intérêts vitaux pour tenter d’infliger à la Russie des dégâts meurtriers AVANT d’être rayée pour toujours de la carte. Une sorte de sacrifice humain envers le dieu « progressisme » qu’un président dévoué pourrait assumer, s’il ne se fait pas renverser pour cela.
Ce raisonnement
… Ce raisonnement est basé sur l’examen détaillé des « jeux » disponibles aux différents décideurs. Un jeu est gagnant s’il permet de satisfaire certains objectifs dans tous les cas. Il peut présenter des inconvénients inacceptables sur certains coups et modérément acceptables sur d’autres.
Une chose est sûre: les Russes n’ont aucune raison de s’empêcher de tuer des français envoyés à tort se mêler de ce qui ne les regarde pas…
L’attentat de Mouscou, contournement ? La concordance des temps est particulièrement frappante, d’autant que l’utilisation de proxy djihadistes afghans ou proche de l’Afghanistan contre la Russie ne serait pas une première de la part des occidentaux (pour mémoire, Al qaeeda et Ben Laden sont directement issus des interventions occidentales dans la guerre russo-afhgane des années 80).
Les terroristes viennent du Tadjikistan, pays dans lequel, il a eu des bases de l’OTAN depuis 2001, notamment française à Douchambé. Évidemment aucune preuve, je n’affirme rien, je relève un faisceau d’indices qui me déplaisent et que je ne veux pas croire. Cela fait vraiment théorie du complot, mais relisez le premier chapitre de cet article, et dites-moi que cela ne correspond pas à une stratégie de contournement par le terrorisme, c’est-à-dire le bas du spectre de la confrontation militaire.
C’est à suivre de près, car je suis certain que ce point de vue sera développé au kremlin.