Cette année à Jérusalem

La décision de Donald Trump a suscité à travers le monde soupirs, et consternation sauf peut-être à Jérusalem où le gouvernement israélien atteint là un objectif stratégique poursuivi depuis longtemps. Constatons juste l’hypocrisie généralisée de ceux qui condamnent et n’ont pas fait grand chose (à supposer qu’ils l’aient pu) pour soutenir les Palestiniens. Sans même pointer les habituels moralistes qui vaticinent à longueur de média, notons que les Russes atteignent un sommet d’hypocrisie, eux qui reconnaissent Jérusalem-Est en mai et condamnent en décembre la décision de Trump (au fait, parmi nos journalistes, qui avait relevé en son temps cette décision de Moscou ???). On se reportera au dernier numéro de la lettre de notre consœur Leosthène (n° 1252 du 9 décembre 2017) qui a fait le point le  plus brillant du sujet.

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D’un mot, il ne s’agit pas pour  LV de se prononcer sur le fond et le bien-fondé de cette décision. Notre propos consiste seulement à examiner la décision telle qu’elle est prise par Donald Trump.

1/ Elle s’inscrit dans l’alignement stratégique Washington-Jérusalem-Riyad (bien que l’on sente Riyad très gêné par cette décision), ligne directrice de Trump depuis son arrivée au pouvoir – alors que les mêmes émus ne cessent de nous expliquer qu’il est nul, sans idée, vulgaire, non préparé, mal conseillé, mal secondé, sans ambassadeur sur le terrain etc… ce qui est en partie vrai, d’ailleurs.  Constatons qu’il a une ligne au Moyen-Orient, même si elle est hardie. En tout état de cause, il ne s’agit pas de combinazione ni d’immobilisme et le résultat sera peut-être déplorable, comme souvent avec les décisions brusques des Américains (8 ans d’idéologie néo-cons avec Bush Jr nous l’ont appris). Bref, il ne s’agit pas d’approuver Trump, simplement de constater qu’il a une stratégie.

2/ Cette décision s’inscrit évidemment dans une politique intérieure qui est la première obsession de Trump, comme de tout POTUS (souvenons nous de Clinton…); A cet égard, il s’agit à la fois d’une promesse de campagne à son électorat (red neck et apocalypto-évangéliste, nous le savons, mais c’est la démocratie qui veut ça) qui lui reste fidèle et d’une diversion par rapport à l’enquête russe de plus en plus gênante.

3/ Nous ne savons si un plan de paix sérieux peut sortir de cette décision. Elle a un mérite : celui de ne pas laisser la question palestinienne croupir dans l’indifférence un peu méprisante où elle était tombée. A un moment « il faut faire bouger les lignes » comme le clament souvent certains commentateurs. Les lignes ont bougé. Elles mèneront peut-être à un Etat binational au lieu de « la solution à deux Etats » qui fait aujourd’hui consensus dans la Communauté internationale, mais pas auprès des deux acteurs principaux du drame… A tout le moins va-t-on avancer en pleine lumière.

4/ Les choses commençaient peut-être à évoluer du côté palestinien (voir la Lorgnette du n°81 – gratuit), mettant fin à plus d’une décennie d’immobilisme tout aussi coupable que la colonisation. Nul doute qu’elles vont s’accélérer.

JDOK