Bilan hebdomadaire n°7, aspects militaires

Bilan hebdomadaire n°7, aspects militaires, suite du n°6, le 17 avril 2022. Déjà sept semaines de guerre. La semaine qui vient de passer a connue des rebondissements.

L’initiative a été prise par les Ukrainiens qui ont profité de la réarticulation Russes pour lancer des raids. Le plus fameux est l’attaque du  croiseur Moscwa, coulé par des missiles Neptun. Outre le succès d’une telle opération, outre l’affaiblissement de la flotte russe de la mer Noire (car environ 15 % de ses bâtiments ont été coulés depuis le début du conflit), cette attaque signifie que le port de Sébastopol est désormais sous menace constante des tirs UKR. La RU pourra-t-elle à l’avenir accepter une telle contrainte ?

Par ailleurs, l’UKR a lancé un certain nombre de frappes (par commandos ou hélicos) contre des cibles à l’arrière des lignes RU, y compris en territoire RU. Ces succès locaux doivent enrager la direction RU d’autant plus que cela commence à se savoir en Russie et que des débats sur les opérations commencent à se faire entendre, y compris en faveur du raidissement.

Simultanément, les Russes ont entamé leur grande manœuvre annoncée à l’Est de l’UKR. Marioupol est presque tombée, les derniers défenseurs étant retranchés dans l’usine Azovstal. Moscou pourrait revendiquer un premier succès cette semaine (au bout de sept semaines de conflit !). Au nord, les forces RU se sont concentrées au nord d’Izioum et progressent lentement et avec prudence, en faisant enfin attention à leur couverture à l’ouest (éviter une contre-attaque au sud de Kharkov) et en consolidant leurs lignes logistiques. Dès lors, leur progression est lente. Elle se poursuit cependant au sud  d’Izioum avec deux directions probables : Barvinkove au sud, Lyman au sud-est, deux points clefs ferroviaires. Il s’agit surtout d’avoir une coordination des deux rives de la rivière Oskill (N-S) puis au sud de la rivière Donetsk. Cette ligne Barvinkove-Lyman permettrait de peser directement sur Slaviansk et sur les arrières de Severodonetsk.

Simultanément, les forces de la LNR et DNR poussent depuis le Donbass à hauteur de Popasna mais sans succès notable. On le voit, les efforts RU sont désormais plus coordonnés mais bien plus lents, ce qui témoigne que les leçons de la 1ère phase ont été apprises. Les grands objectifs (Dniepro ou Odessa) sont repoussés aux calendes grecques. Rien ne permet de garantir des résultats suffisants pour le 9 mai, date identifiée par tous les observateurs comme critique.

Sur le front sud (Kherson), les UKR se sont rassemblés et ont fait venir leurs troupes d’Odessa. Ils ont tenté des actions contre les RU. Ceux-ci ont également tenté quelques opérations de dégagement. Dans les deux cas sans succès. Mais la position RU paraît plus fragile qu’il y a dix jours.

Enfin, la grande affaire est celle des livraisons d’armes. Souvenons-nous qu’au début, les Occidentaux hésitaient à fournir des armes à Kiev. Il ne fallait pas risquer d’apparaître comme cobelligérant. Les échecs russes ont rassuré certains esprits. Désormais, l’Ouest s’enhardit et livrera chars, canons et avions aux UKR. Il y a là une sorte d’escalade qu’il faut bien mesurer. Au risque de paraître mou du genou et quelques soient les arguments moraux que je partage sur le fond, il s’agit quand même de la 1ère puissance nucléaire mondiale. D’ailleurs, la question nucléaire a été mentionnée cette semaine, tant par V/ Zelesnky que par les autorités américaines. Notons que ces livraisons d’armes viennent compenser le rôle relatif des sanctions (que nous avions noté depuis le début) et l’impossibilité de décider un embargo sur les hydrocarbures russes. Attention à bien peser tous les paramètres avant de pousser trop avant le soutien à Kiev. Tout diminué que soit l’adversaire russe, quelle que soit l’étendue de l’incompétence démontrée depuis le début, il convient de rester prudent face à un ours blessé, d’autant plus qu’il est en mauvaise posture. Et qu’il est nucléaire.

Il reste trois semaines avant le 9 mai. Il faut désormais attendre que V. Poutine pourra justifier d’un (maigre) bilan « positif » pour cesser les frais et repartir dans un cycle de négociations où les UKR seront en bien meilleure position qu’il y a deux mois.

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