Lettre de La Vigie du 22 janvier 2020
Nouvelles stratégies militaires
La stratégie militaire doit articuler aussi bien la stratégie nucléaire que la réponse aux adversaires asymétriques. Sans s’attarder aux concepts à la mode (Guerre hybride, A2/AD), constatons le retour à des préoccupations de guerre de haute intensité, que l’on avait oubliées. L’opposition entre pairs ou quasi-pairs revient à l’ordre du jour, sans obérer pour autant les autres priorités. 2020 constitue une opportunité pour réfléchir calmement avant l’agitation de la prochaine campagne présidentielle et de la LPM qui suivra.
Habile Azerbaïdjan
L’Azerbaïdjan se trouve ainsi aux confins de l’Europe et de l’Asie, du monde russe et du Moyen-Orient, il intéresse aussi bien la Chine que les États-Unis. Pays musulman, chiite et laïque, il vient de présider le Mouvement des Non-Alignés. Riche d’un pétrole abondant, il ne gâche pas cette rente et réussit, grâce à une diplomatie habile, à faire valoir ses intérêts malgré le contentieux persistant avec l’Arménie voisine à propos du Haut-Karabakh. Autant d’exceptions qui vaudraient presque valeur de modèle et suscitent en tout cas l’intérêt.
Lorgnette : Sahel, pas de Pau
La France a convoqué les dirigeants des cinq pays du G5 Sahel à un sommet à Pau la semaine dernière. Elle leur intimait, en quelque sorte, de confirmer leur souhait de voir la France intervenir dans la région, notamment au travers de l’opération Barkhane. Il s’agissait de trouver un appui politique alors que la présence française est couramment décriée dans l’opinion publique régionale. Bref, obliger lesdits gouvernements à sortir de leur duplicité. En échange, la France annonça l’envoi de 220 hommes supplémentaires et le recentrage de l’opération sur la région des trois frontières.
220 hommes, cela fait un renforcement de 5 % : personne ne croira que cela peut modifier le rapport de force. Quant à la concentration sur les trois frontières, c’est un changement au mieux opératif, il n’a certainement pas de signification stratégique. Pour le reste, rien ne change et l’enlisement se poursuivra. Car on poursuivra les vieilles lunes convenables et inefficaces depuis des décennies sans modifier les comportements politiques des gouvernants de la région : et si on les mettait en face de leurs responsabilités ?
JOCV
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Crédit photo : CERI Sciences Po, http://ceriscope.sciences-po.fr/node/112
En Europe, nous parlons d’Etat malien qu’il faudrait mettre face à ses responsabilités. La difficulté, c’est qu’en réalité cet Etat n’existe pas :
là-bas, en Afrique, il n’existe que des familles, des ethnies. Le mot « Etat » et les réalités qui l’accompagnent chez nous sont le résultat de siècles de centralisme.
Là-bas, c’est l’armée la plus large manifestation d’unité d’un pays. Or, la terreur de tous ces gouvernants plus ou moins légitimes, c’est que l’armée devienne suffisamment puissante pour les renverser : il faut donc la laisser incapable et limitée. Suffisamment faible pour rester dans les casernes pour manger le riz 2 fois par jour, celui qu’à la maison on n’a qu’une seule fois par jour.