De la marine de guerre chinoise (P Tran-Huu)

On le sait, Hervé Coutau-Bégarie avait proposé une classification des marines selon leur potentiel (« Traité de Stratégie », chapitre 9 article 313). Selon lui, il y a 6 rangs de marines, qui vont de la marine au champ d’action mondial, à la marine symbolique en fonction de leur taille et de leur capacité.

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Les marines de premier et de second rang sont des marines dont l’action s’étend à tous les océans du monde. Cependant, la marine de premier rang a une activité permanente tandis que les marines de second rang n’ont qu’une présence occasionnelle. Cela veut dire que les marines de premier et de second rang peuvent atteindre n’importe quelles mers du monde (Excepté la mer Caspienne). Seule l’US Navy répond aux caractéristiques de la marine de premier rang. Et seule la marine française et la marine britannique sont des marines de second rang.

Les marines de troisième et de quatrième rang sont des marines dont l’action s’étend plutôt à une zone régionale. Ce qui distingue les marine de troisième rang des marine de quatrième rang est la présence de porte-aéronefs (pas forcément un porte-avions). Il y a 7 marines de troisième rang (Flottes Japonaise, Indienne, Italienne, Grecque, Espagnole, Brésilienne et Turque). Les marines de cinquième et de sixième rang sont des marines d’action locale. La différence s’établit autour du rôle de la marine qui est de potentiel militaire pour les marines de cinquième rang et de potentiel policier pour les marine de sixième rang.

La marine chinoise peut être considérée comme une marine de 3e rang si l’on tient pour acquis que le porte-aéronefs Liaoning soit en partie opérationnel même si, Coutau-Bégarie m’avait toujours affirmé que les Chinois n’auront une marine digne de ce nom qu’à l’horizon 2030… , on peut, même, la considérer quasiment comme une marine qui se situe entre le 2e et le 3e rang dans la mesure où l’APL a montré son aptitude à naviguer, en condition opérationnelle, sur toutes les mers du globe y compris sous l’eau. L’APL vient, encore, de franchir une étape supplémentaire en mettant en service le HUACHUAN-1 qui est un quai flottant motorisé. Disposant d’installations d’entretien de haute stabilité et un système de défense contre les attaques aériennes et de pirates, ce nouveau quai est capable de fournir un bassin de radoub aux navires dans des conditions météorologiques difficiles.   Avec cette capacité de naviguer par ses propres moyens dans les zones de haute mer, ce nouveau bâtiment change les  pratiques habituelles selon lesquelles les navires doivent se rendre sur la côte pour être réparés, réduisant considérablement le cycle de maintenance des navires et favorisant les opérations de la marine dans les zones de haute mer. Sa capacité à se mouvoir par ses propres moyens peut lui permettre de devenir un navire d’accompagnement d’une flotte d’intervention…

Certes, la Chine, en raison de la crise économique, réduit la croissance de son budget militaire mais, avec la mise en service de ce type d’équipement mais aussi de bâtiments de guerre ultra-modernes, « D’ici 2030 sa marine modernisée, ses missiles balistiques et ses équipements sol-air (radars et missiles) modernes dont la précision a été notablement augmentée, confèreront à la Chine une capacité de dissuasion capable d’obliger l’aéronavale américaine à prendre des risques chaque fois qu’elle effectuera une manœuvre destinée à affirmer la liberté de navigation aux abords des îlots contestés des Paracels ou des Spratlys. »  (« Sous forte contrainte économique, la Chine réduit la croissance de son budget militaire » Question Chine)

Pascal TRAN-HUU

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