Bilan n° 126 du 23 décembre 2025 (guerre d’Ukraine)

Sur le terrain politique, l’Europe se résout au minimum et E. Macron envisage de reparler à Poutine.
Bilan n° 126 du 23 décembre 2025 (guerre d’Ukraine)
Crédit AFP via le Figaro

Sur le terrain politique, l’Europe se résout au minimum et E. Macron envisage de reparler à Poutine.

Déroulé des opérations militaires

Section pour mémoire : aucune modification apportée au bilan 125. Le point détaillé des secteurs sera fait lors du CR 127, début janvier)

Bilan n° 125 du 15 décembre 2025 (guerre d’Ukraine)
Recul russe à Koupiansk, recul ukrainien à Siversk et Vovschansk, Myrnohrad encerclée. La négociation est entrée dans le dur. Recul russe à Koupiansk, recul ukrainien à Siversk et Vovschansk, Myrnohrad encerclée. La négociation est entrée dans le dur.

Front sud : Les Ukrainiens cèdent lentement Stepnohirsk. Vers Orikhiv, poussées russes dans Novodynalivka (sud) et Maia Tokmachka (est) (carte). A Huliapole, les Russes sont désormais sur la route 401 avec de premières infiltrations dans la ville (carte et carte).

Un peu plus au nord d’Houliapole, les infiltrations russes se maintiennent : (carte).

Tous ces combats se déroulent dans les oblasts de Zaporijia et Dniepropetrovsk.

Front de Donetsk : A Pokrovsk , plus aucune troupe ukrainienne dans la ville ni dans Rodynske. Les dernières troupes sont encerclées à Myrnohrad (carte).

Au nord-est les Russes poussent à l’ouest des deux villages de Pankivka et de Volodymyrivka, dans la vallée de la Kazenyyi, avec de premières incursions dans Shakhove (carte).

Front de Kostiantynivka : Les Russes poursuivent leurs infiltrations des quartiers sud-est de Kostiantynivka (carte). Reprise d’initiative russe au nord de Chasiv Yar (carte).

Front de Siversk & Lyman : Siversk est partiellement conquis (au moins jusqu’à la rivière). Au sud, les Russes poussent contre Sviato Porkrovske. Plus au nord, les Ukrainiens se replient au sud de la rivière Donets et ne tiennent plus Yampil (carte).

Secteur Lyman : à Lyman, infiltration de premiers éléments russes à l’est de la ville. Poussée au nord (Stavky, Drobysheve). Poussée à l’ouest de Seredne. Infiltration jusque Yarova (carte).

Front de Svatove/Koupiansk. Le bourg de Bohuslavka commence à être pris en tenaille (carte).

Secteur de Koupiansk : Les Ukrainiens auraient repris le contrôle de plus de 45 km² vers Koupiansk (carte) où quelques unités russes subsisteraient dans la ville. Rien n’aurait bougé sur la rive orientale de l’’Oskil (carte).

Secteur de Dvorichna et Milove : poursuite de l’avance avec prise de Dvorischanke (carte).

Front de Kharkiv : Les Russes ont pris quasiment tout Vovchansk (carte). Sans changement à Lyptsi (carte)

Front de Soudja : Sans changement (carte),

Analyse militaire

Pour mémoire

Analyse politique

Quelques évolutions cette semaine justifient ce petit point de situation.

Les Européens se sont mis d’accord sur un prêt de 95 milliards d’euros à l’Ukraine. V. Zelensky n’a pu cacher une certaine déception puisque c’était le minimum sur lequel il comptait. Malgré tout, cela lui a procuré un ultime argument alors que les dernières négociations débutaient à Miami : il pouvait affirmer à ses interlocuteurs qu’en cas de nécessité, il pouvait continuer le combat. Sans argent, il aurait été fort démuni dans sa discussion avec les Américains.

Ainsi, l’Europe qui aura beaucoup parlé ne s’est finalement accordée que sur un minimum. On a beaucoup évoqué ces dernières semaines l’idée de la confiscation des avoirs russes gelés, puis d’un prêt qui serait garanti par ces avoirs gelés (ce qui n’était qu’une modification de façade et revenait à une confiscation). L’idée était à l’évidence mauvaise. Outre que ce n’était qu’un fusil à un coup, cette décision aurait provoqué la fuite de tous les capitaux étrangers, horrifiés de voir que leur argent dans les coffres européens n’était pas protégé. L’Europe n’a plus tellement d’atouts économiques, il était absurde de dilapider les derniers qui nous restent.

Mais l’affaire a aussi révélé que l’Europe n’a plus beaucoup d’argent. Le puit sans fond a un fond. Et quand on a évoqué un prêt direct garanti par les Etats, subitement tout le monde s’est rétracté. Il est vrai que pour prendre l’exemple de la France qui contribue à hauteur de 18,9% au budget européen, en prenant la même clef de répartition, elle aurait dû payer 26,46 milliards d’euros d’un éventuel prêt de 140 milliards à l’Ukraine. Impensable par les temps budgétaires actuels.

La France s’est par ailleurs aperçue que ses banques privées détenaient une part non négligeable desdits avoirs russes (une vingtaine de milliards sembe-t-il) et que tout n’était pas de la faute d’Euroclear, l’organisme belge qui en détient environ 185 milliards.

Aussi, malgré les propositions audacieuses du chancelier allemand Merz, la France a rejoint un clan des sceptiques qui réunissait la Belgique et l’Italie notamment.

C’est peut-être l’indication la plus importante de la semaine : la mise en place d’un contrefeu à l’activisme allemand qui peut agacer en Europe. Ceci dépasse évidemment la guerre d’Ukraine mais donne des indications précieuses pour comprendre les équilibres stratégiques européens, à l’heure d’une profonde remise en cause de ses fondements.

Il reste le bilan : après des mois de déclarations impétueuses, l’Europe constate ses limites. Elle n’est parvenue à peser ni sur le conflit ni sur les négociations. Tout juste a-t-elle donné un coup de pouce à Zelensky. L’Europe commente mais ne commande pas, comme disait l’autre.

Un autre mouvement a été la déclaration d’E. Macron : « Je pense qu’il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine », a-t-il déclaré à Bruxelles, à l’issue du Conseil européen. « Je constate qu’il y a des gens qui parlent à Vladimir Poutine. Je pense que nous, Européens et Ukrainiens, on a intérêt à trouver le cadre pour réengager cette discussion en bonne et due forme. Sinon, on discute entre nous avec des négociateurs qui vont seuls discuter avec les Russes, ce qui n’est pas optimal ».

On se souvient qu’E. Macron avait été beaucoup critiqué au début de la guerre d’Ukraine pour avoir tenté de maintenir le contact avec V. Poutine. Mais après avoir essuyé de nombreuses rebuffades, il avait tourné casaque pour se ranger dans le camp des durs à partir de début 2024.

A l’issue du Conseil européen, constatant l’inefficacité de la position européenne commune, observant l’activisme de F. Merz, conscient de sa faiblesse politique intérieure et du regard que beaucoup portent sur lui (il ne reste que 18 mois d’une présidence fragile), il revient à des pratiques précédentes pour retrouver du jeu. Après tout, il est chef d’une puissance nucléaire et cela compte encore.

V. Poutine ne s’y est pas trompé et a répondu, lors de sa grande conférence de presse, que lui-même était disposé « à engager le dialogue avec Macron ». Accessoirement, il a répondu (à la question d’un journaliste de LCI) qu’il s’occuperait du cas d’un Français détenu en prison, manière d’envoyer un signal positif à Paris.

S’agit-il seulement de diviser les Européens ? Pas seulement. Le Kremlin doit se dire que si les négociations débouchent sur un accord, il faudra reprendre langue avec les Européens ; Autant préparer cette conversation au plus tôt. C’est d’ailleurs ce raisonnement qu’a explicitement donné le Français pour expliquer sa déclaration.

Pendant ce temps-là, les négociations entre Américains et Ukrainiens se poursuivent. On n’en sait quasiment rien et ce silence n’est pas forcément de mauvais signe. Nous verrons

Je vous souhaite de très joyeuses fêtes de Noël, en attendant.

OK

Génial ! Vous vous êtes inscrit avec succès.

Re-Bienvenue ! Vous vous êtes connecté avec succès.

Vous êtes abonné avec succès à La Vigie.

Succès ! Vérifiez votre e-mail pour obtenir le lien magique de connexion.

Succès ! Vos informations de facturation ont été mises à jour.

Votre facturation n'a pas été mise à jour.