Dans mon dernier livre, contrairement aux précédents qui ont tous pour dénominateur commun le numérique, j’ai voulu prendre du recul partant du constat insupportable du déclin de la France qui s’est accéléré avec le passage du triple A par les agences de notation en 2012 au sextuple D aujourd’hui (dette, décroissance, déclassement, désouveraineté, désorganisation, drogue).
Il se traduit par un déclin sur la scène internationale de la France actuelle 7e puissance mondiale (24e rang mondial pour la richesse produite par habitant, niveau éducatif (23e en maths et 28e en lecture selon les classements PISA), 23e pour la mortalité infantile, 24e pour l’indice de la liberté de la presse, 63e pour l’indice de liberté économique, etc.) et qui occupait le 4e rang avant le premier choc pétrolier, dernière année où la France avait un budget en équilibre.
Le point de départ est la donnée qui est l’atome (ou la molécule) de base pour les pros de l’intelligence économique. Alors que l’information est synonyme de pouvoir, la bonne information permet de prendre la meilleure décision possible tant dans la vie professionnelle que personnelle.
Pour cela, il convient d’avoir une solide culture générale – d’où l’importance de repères historiques – et la capacité à adopter une approche holistique en faisant des ponts entre des domaines de connaissance très différents. Ceci est d’autant plus nécessaire que les intelligences artificielles émergent. Celles-ci délivrent des résultats non pas exacts mais probabilistes.
Nous avons à l’image des 7 étapes des énergies développées dans Le monde sans fin de Blin et Jancovici 7 étapes pour l’information. Les dernières sources d’information tout comme les énergies ne remplacent pas les traditionnelles mais viennent s’ajouter dans un processus entropique. Aussi convient-il d’avoir une approche dans le suivi de ses sources de veille.
La masse d’information disponible sur Terre double toutes les lois de Moore, typiquement tous les 2 ans. Ce regard critique sur l’information est d’autant plus nécessaire que les fake news, les deepfakes prolifèrent.
Aussi après un constat du monde d’aujourd’hui et de ce qui a fait les grandes civilisations et les raisons de leur déclin, je me place dans un état du monde à l’horizon 2075 soit typiquement 2 générations pour les pays en développement, 1,5 pour les pays occidentaux.
Alors que la Chine et l’Inde ont environ 1,4 milliard d’habitants chacune, la Chine perdra une Europe et l’Inde en gagnera une. Les enjeux géopolitiques sont nombreux à commencer par le leadership mondial : sera-t-il conservé par les États-Unis qui vont continuer à voir leur population croître du fait de l’apport de l’immigration qui est plus choisie que subie en moyenne relativement à la situation de la France et des pays de l’Union européenne et du Royaume-Uni ? Ou alors la Chine va-t-elle devenir riche avant d’être vieille ?
La question de Taïwan est essentielle avec une dévulnérabilisation progressive des États-Unis en matière de micro-processeurs alors que l’Europe est très dépendante et voit sa souveraineté décliner depuis des choix de délocalisation désastreux sur le long terme. Nous n’avions pas de pétrole. Nous n’avons guère plus de terres rares et nous sommes passés d’une dépendance à l’OPEP à une dépendance à la Chine, usine du monde, qui voit avec les choix d’une technocratie européenne du véhicule électrique (interdiction votée à compter du 1er janvier 2035 de toute vente de voiture neuve thermique en Europe) une dépendance accrue.
Les constats établis restent factuels et sourcés pour approfondir de nombreux points qui pour chacun nécessiterait un ouvrage complet. Même si la crise plurielle est réelle pour la France et l’Europe, il existe des raisons d’espérer.
Aussi dans une dernière partie, je dresse des pistes transpartisanes pour que la France soit « great again! ». Le déclin n’est pas une fatalité. Et telle la définition double du mot crise en chinois ou en japonais, ce n’est pas seulement danger mais aussi opportunité. Des chantiers de simplification et de rationalisation des 3 fonctions publiques sont vitales pour rendre notre économie performante, la suppression des silos des administrations avec la transformation digitale qui doit être matière à repenser les processus plutôt que d’ajouter une couche de numérique sur des services bancals, la réduction du nombre de niveaux administratifs en revenant aux 22 régions d’avant mais en supprimant département et intercommunalités tout en fusionnant des communes, la suppression et la fusion d’instances, de commissions ou de hauts comités pour plus d’efficacité et mieux utiliser les deniers publics.
Mais aussi moins d’agents pour les fonctions de back office qui peuvent être rationnalisées et repensées avec l’intelligence artificielle mais aussi un peu plus d’agents pour les fonctions de front office qui sont au contact des citoyens (policiers, pompiers, professeurs, infirmiers, juges, etc.).
Ce sont à la fois les investissements et les économies à consentir pour ancrer la France dans le monde du XXIe siècle où l’on assiste à nouveau au choc des puissances où finalement chaque nation n’a pas d’amis mais des intérêts. Et puissions-nous en connaissance de cause et avec le discernement dans l’information avoir des vrais débats pour réconcilier les Français avec la démocratie et une offre renouvelée où l’on assisterait non plus à des professionnels de la politique mais à une parenthèse salutaire dans sa vie d’honnête citoyen au service du mandat pour lequel on a été élu.
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