Accord FRUK sur le nucléaire (H. Fayet)

Que peut-on retenir des premières annonces sur une "coordination" nucléaire renforcée entre la France et le Royaume-Uni ?
Accord FRUK sur le nucléaire (H. Fayet)
Crédit photo Sud Ouest

Nous sommes heureux d'accueillir les éclairages d'Heloïse Fayet, chercheuse à l'IFRI et spécialiste française des questions nucléaires, sur les récents accords franco-britanniques sur le nucléaire. Merci à elle. LV

Tout d'abord, ces annonces sont l'aboutissement de longues discussions, menées à la fois par des officiels et des chercheurs/think-tankers des deux côtés de la Manche. Elles s'inscrivent dans le cadre de la Joint Nuclear Commission (JNC), une instance de consultation nucléaire FRUK.

Les déclarations sur le nucléaire sont en deux temps : la coordination franco-britannique en elle-même (une intensification de la déclaration Chequers et du traité de Lancaster House) et une plus grande contribution FRUK à la défense de l'Europe au travers de leurs arsenaux.

Sur le FRUK, on retient une nette clarification des implications de Chequers, avec cette nouvelle référence au nucléaire : "tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du R-U ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations".

On note aussi la création d'un "groupe de supervision nucléaire", coprésidé par l’Elysée et le Cabinet Office britannique (bureau du Premier ministre) qui sera chargé de "coordonner la coopération croissante dans les domaines de la politique, des capacités et des opérations". Pas très clair pour le moment, mais il pourrait s'agir d'une extension de la JNC déjà existante, avec une coordination accrue au niveau des patrouilles de sous-marins, des exercices conjoints, voire le partage de plans de frappe. La décision de tir reste évidemment souveraine.

L'autre dimension des annonces est une contribution conjointe et assumée à la défense de l'Europe, rappelant qu'"il n’existe aucune menace extrême sur l’Europe qui ne susciterait une réponse des deux pays". Evidemment, la nature de la réponse n'est pas précisée.

On note la référence bienvenue à l'Europe et non à l'OTAN, qui est le cadre traditionnel d'exercice de la "dissuasion élargie" britannique. Cela rapproche cette déclaration des discussions entamées par la France sur le rôle des armes nucléaires dans la défense du continent.

On salue aussi le numéro anglais d'équilibre qui a acheté des F-35 à capacité nucléaire aux Etats-Unis mi-juin, tout en confirmant aujourd'hui son rapprochement avec la France et l'Europe. Une façon de ne pas sacrifier ces deux relations essentielles à nos voisins d'outre-Manche.

En bref, il convient de saluer ces avancées majeures, à la fois dans la coordination FRUK et la défense de l'Europe, mais à condition que des signaux concrets soient envoyés dans les prochains mois sur le plan opérationnel afin de renforcer la crédibilité de ces annonces.

Heloïse Fayet

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