Bilan n° 123 du 9 novembre 2025 (guerre d’Ukraine)

La bataille de Pokrovsk s’achève et les Russes progressent au sud. Les négociations semblent désormais à l’arrêt.
Bilan n° 123 du 9 novembre 2025 (guerre d’Ukraine)
Crédit Poulet volant

La bataille de Pokrovsk s’achève et les Russes progressent au sud. Les négociations semblent désormais à l’arrêt.

Déroulé des opérations militaires

Les frappes dans la profondeur se poursuivent.

Front sud : La poussée russe à Plavni se poursuit avec de maigres gains (carte). Pas de changement à l’est d’Orikhiv (carte). Dans le secteur d’Huliapole, la situation ukrainienne s’est nettement dégradée, puisqu’Uspenivka est tombée et que les Russes progressent à l’ouest de la rivière Yanchul (carte).

Un peu plus au nord, là aussi progression russe (Vyschene, Novooleksandirvka, Orestopil aux abords de Velikomikhailivka) (carte). Pas de grand changement dans le secteur de Novopavlivka (carte).

Front de Donetsk : A Pokrovsk la situation des Ukrainiens paraît très dégradée puisqu’ils ne contrôlent presque plus de quartier de la ville. Un peu au nord, malgré leurs efforts, ils ne contrôlent plus le sud de Rodynske. Par conséquent, la situation dans la poche qui s’est formée à Myrnohrad est très compliquée car il n’y a plus de renforts possibles et que les évacuations semblent difficiles. Cependant, deux brigades seulement sont plotées dans la poche, soit quelques centaines de combattants au maximum, signe que le gros s’est déjà retiré (carte).

Au nord-est, l’ex-saillant russe de Kucheriv Yar a été totalement réduit. Les Russes sont encore à Zapovidne et ne font plus pression contre Shakhove (carte).

Front de Kostiantynivka : La pression russe contre l’est de Kostiantynivka se poursuit. Petite attaque ukrainienne au sud de Chasiv Yar (carte).

Front de Siversk & Lyman : Infiltrations de groupes russes au sud et au nord de Siversk (carte). Les Ukrainiens abandonnent lentement Yampil.

Secteur Lyman : Sans changement à Lyman. Situation inchangée au nord, Drobysheve reste sous contrôle ukrainien (carte).

Front de Svatove/Koupiansk. Secteur de Pischane : Sans changement au nord (carte). Petite progression dans le secteur de Svatove - Kruhliakivka (carte).

Secteur de Koupiansk : La ville toujours en partie investie par les Russes, sans progrès notable. Au nord, les Ukrainiens ont repris Kindrashivka (carte). A l’est de la rivière Oskil, progression russe sur la route H26 (Psichane)).

Secteur de Dvorichna et Milove : progression russe de 21 km² (carte).

Front de Kharkiv : Les progressent à l’ouest et au sud-ouest de Vovchansk (carte). Sans changement à Lyptsi (carte)

Front de Soudja : Sans changement (carte),

Analyse militaire

Officiellement, d’après les relevés de Poulet Volant, les Russes ont pris 84 km² en S44 et 107 km² en S45 soit 13.7 km² par jour (hausse). Les Ukrainiens ont repris 15 km² en S42 et 3 km² en S41, soit 1,3 km² quotidien (baisse).

Les Russes ont repris l’initiative au nord, que ce soit à Vovschansk ou vers Dvorichna. Ces secteurs paraissent marginaux mais l’activité indique peut-être une préparation plus large visant à rejoindre le front de Koupiansk à celui de Vovchansk, pour reprendre la poussée en direction de la Donets (et au-delà, aménager un éventuel front contre Kharkiv). Autrement dit, les Russes ne se satisferont pas de l’Oskil et voudront descendre le long de la rive occidentale de cette rivière vers Izioum et donc les arrières de Slaviansk. Ceci explique aussi l’acharnement ukrainien à tenir à Koupiansk, avec efficacité puisque les Russes sont bloqués, là où leur position paraissait très favorable il y a un mois.

Entre Lyman et Kostiantinivka, les opérations sont lentes et témoignent du façonnage du front. Rien de spectaculaire mais des micro-changements qui font l’essentiel du combat de position.

A Pokrovsk, la situation s’éclaircit. La percée russe vers Dobropilla, au début de l’été, avait surpris tout le monde, Russes inclus puisqu’ils n’avaient pas pu l’exploiter. Le danger était pourtant patent (couper les arrières de Slaviansk par le sud, beaucoup plus dégagés) ce qui força les Ukrainiens à tout faire pour réduire le saillant. Ils firent l’effort là-dessus et les Russes se défendirent, transformant l’affaire en un point de fixation des réserves ukrainiennes, ce qui leur donnait une certaine liberté de manœuvre par ailleurs. Ils poussèrent ainsi à Pokrovsk, organisant méthodiquement l’investissement de la ville et l’encerclement de celle de Mirnohrad. Les Ukrainiens tentèrent, ces quinze derniers jours, de desserrer la pince à hauteur de Rodynske, sans succès.

Cette conurbation présente évidemment un gros avantage : elle ne consiste plus un hub logistique pour les Ukrainiens (depuis plus d’un an) mais désormais, elle pourra constituer un hub logistique avancé pour les Russes. Par ailleurs, c’était la dernière zone urbaine fortifiée du sud Donetsk : à l’ouest, aucune ville où s’accrocher. On ne peut minorer la chute de Pokrovsk même si celle-ci ne constitue pas un objectif stratégique pour Moscou, seulement une étape.

Plus au sud, les choses vont beaucoup plus mal puisque le front d’Houliapole s’effrite à grande vitesse. Je pensais qu’Uspenivka tiendrait plus longtemps : finalement, la rivière Yanchur a été franchie assez vite. Les Russes peuvent espérer prendre la ville contiguë avant de pousser vers Orikhiv, dernier verrou au sud de l’oblast. Ils profiteront pour progresser également dans l’oblast voisin de Dniepropetrovsk.

La résistance ukrainienne stupéfie. Observons cependant que les FAU n’ont pas pris une seule fois l’initiative depuis un an.

Analyse politique

Disons les choses simplement : la période des négociations a trouvé un terme, au moins temporaire. Poutine ne veut pas négocier (du moins, pas négocier autre chose qu’une capitulation). Il estime pouvoir gagner sur le terrain ce qu’on lui refuse à la table.

Trump n’a pas vraiment de moyen de rétorsion, même si la décision de lancer quelques sanctions contre les compagnies russes n’est pas inutile.

La seule question qui vaille est celle du front économique. Les sanctions initiales contre la Russie étaient quasi indolores. Elles commencent incontestablement à faire du mal. Cependant, l’économie russe n’est pas à l’arrêt et il faut suivre avec attention les décisions de la banque centrale qui a émis des taux à des niveaux très élevés, à cause d’une interprétation radicale de la lutte contre l’inflation. Pour autant, même s’il y a une « économie de guerre », la situation n’est pas catastrophique, pas assez en tout cas pour inciter les Russes à négocier (même si la levée des sanctions est aujourd’hui le seul sujet qui intéresse vraiment le Kremlin, dans les discussions en cours).

Puisque l’on parle d’économie, rappelons que l’économie ukrainienne est quant à elle très abîmée ce dont personne ne parle. Observons de plus que les Russes ont intensifié leurs attaques contre le réseau électrique, ferroviaire et portuaire. Les coupures d’électricité sont cette fois fréquentes (les Russes viseraient désormais les sous-stations, celles qui permettent les reports de charge).

Les Européens enfin s’intéressent beaucoup moins à l’Ukraine. La question de la saisie (de fait) des avoirs russes a été au cœur des discussions des quinze derniers jours. Cette décision radicale est pour l’instant stoppée, officiellement par les Belges même si d’autres capitales sont assez contentes qu’on n’aille pas jusque-là. Rappelons que si l’actif stratégique majeur des Américains est le dollar, celui des Européens est la confiance qu’ils inspirent. La saisie des avoir russes serait une erreur qui dépasse de loin la seule guerre d’Ukraine.

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