Nous sommes heureux de publier ce texte de Patrick Lagadec[1], à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage sur les « Sociééts déboussolées ». Spécialiste des chocs sur les organisations, il constate que ces chocs se multiplient, que la cirse est devenue la norme et que nous ne savons toujours pas comment les traiter. Il donne ici quelques réponses. Merci à lui. LV
MÉGACHOCS ET SURPRISES DE HAUTE INTENSITÉ : FAIRE TRAVAILLER SES ÉQUIPES
De l’accident à l’engloutissement
Sur tous les fronts — climat, santé, société, économie, finance, technologie, éducation, géostratégie… —, nos sociétés sont percutées par des chocs violents, de plus en plus nombreux et imposants, qui bouleversent la vie des citoyens, mettent l’expertise en grande difficulté, laissent les dirigeants sans cartes ni boussole.
Il ne s’agit plus de l’accident ou de la catastrophe qui vient frapper un ensemble humain particulier. Nous sortons de cette épure bien délimitée, bien cadrée par nos visions, nos plans, nos schémas et dispositifs de gestion de crise. Le cas Tylenol [2] (1982) qui fut à la racine de nos études, modèles, préconisations de gestion et de communication de crise ne peut plus être pris comme référence fondamentale. Les crises sont sorties de leur lit originel. Nos visions, nos outils sont sortis de leur domaine de vol, comme on le dit pour un aéronef qui n’a pas été conçu pour la situation dans laquelle il se trouve projeté.