Covid 19 L’épidémie est inexorable – pas la catastrophe sanitaire (G-P Goldstein)

Faisant suite à un précédent article paru dans ces colonnes (voir ici en libre lecture), Guy-Philippe Goldstein nous offre un nouveau point de situation stratégique sur le COVID 19. Merci à lui. LV

L’Europe est désormais sur la ligne de front d’une crise sanitaire mondiale rare, comme on en connaît une à deux fois par siècle. L’ensemble formé par l’EU, l’EEE et le Royaume-Uni comptait presque 15.000 personnes malades au 10 mars et plus de 500 morts[1]. L’Italie est désormais le 2ième pays le plus touché au monde après la Chine. En même temps, des éditos (comme par exemple dans les Échos au 4 mars[2]) s’interrogent de la raison d’un tel impact médiatique pour une maladie qui n’a fait que 3000 morts à date. Il est donc important de rappeler (1) quels sont les enjeux sanitaires et économiques ; (2) ce que l’on peut apprendre des pays déjà touchés; (3) souligner de nouveaux impacts géopolitiques et sociétaux en fonction du succès ou des échecs de chaque pays à stopper ou non l’épidémie.

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L’enjeu de la crise est d’éviter l’effondrement des structures hospitalières et ce qui pourrait s’ensuivre : l’explosion de la mortalité et le désordre économique, financier et social.

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C’est à vous, s’il vous plaît, que ce discours s’adresse ! (Le Cadet n° 69)

Comment ne pas devenir misanthrope devant l’impéritie qui préside à la crise du coronavirus ? On n’ose même plus de parler de poulets sans tête, par respect pour les gallinacés.

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Car après n’avoir contrôlé pour ainsi dire personne à Roissy et dépêché un A-340 du 3/60 Estérel en pleine zone épidémique, après que la Poste ait suspendu les envois vers la Chine mais pas l’inverse et que des milliers de conteneurs continuent à être déchargés dans nos ports, après avoir envoyé 17 tonnes de matériel médical de protection en Chine alors que la pénurie était déjà annoncée en France, voilà qu’on confine tout le monde, qu’on annule salons, expos et concerts, qu’on ferme écoles, églises et musées. Mais surtout ne paniquez pas ! Mais ce n’est pas la nation qui panique, même s’il y aurait motif devant ces homoncules qui ont tout faux mais se croient quitte en cochant des cases sur un plan de route. Ainsi pour l’Irak, la Maison Blanche avait mis en ligne le 12 juillet 2007 un document Initial benchmark assessment report, qui listait 18 implémentations – pour causer franglais – à satisfaire pour ne pas perdre la guerre. Il aurait été tellement plus simple de ne pas entrer dans Bagdad.

Durant la Seconde guerre, les Britanniques avaient choisi de ne mettre en marche les sirènes qu’une demi-heure avant l’arrivée d’escadrilles allemandes dont ils connaissaient pourtant l’objectif deux heures à l’avance, par recoupement des faisceaux porteurs qui guidaient les avions à partir de leurs bases. La raison en était que les dégâts occasionnés étaient minimes, au prix de quelques blessés, au regard de la perte de production qu’une interruption trop précoce induisait dans les usines visées. Mesure d’autorité, parfaitement comprise par la nation qui ne paniquait pas plus que son premier ministre.

Ainsi il est évident qu’il ne fallait pas aller chercher nos compatriotes à Wuhan pour ramener le virus à la maison. Mais c’est comme la montée en Belgique au matin du 10 mai 1940, on y va alors qu’on sait que c’est une monumentale bêtise, mais on y va tout de même.

Albert Mathiez écrivait dans les années vingt : « Quid leges sine moribus ? Les Républicains d’autrefois apprenaient la politique à l’école de Montesquieu, de Rousseau et des anciens. Peu à peu s’est miné chez les hommes publics le sens et le besoin des responsabilités, s’est détendu chez eux ce ressort moral, cette rigidité de principe, cet appétit de clarté qui ont fait la grandeur des ministres de l’ancienne monarchie comme leurs émules du Comité de salut public. »

Nous serions du temps de Molière, en l’An II ou sous la IIIe République, quelques ministres et généraux auraient déjà perdu la tête, et pas qu’au sens figuré. Sauf que pas plus que des mesures d’autorité ne font un Colbert, un Robespierre ou un Clemenceau, pas davantage un article 16 n’a fait de Gaulle ; c’est l’inverse. Sinon, ce sont les ordonnances de juillet 1830 de Charles X, prises contre une Chambre et une opinion rebelles. Mais toujours dans la panique.

Le Cadet n° 69

Le monde face à la pandémie du COVID-19 (G-P Goldstein)

L’épidémie de coronavirus type COVID-19 (voir LV 135 où nous évoquions l’affaire pour la première fois) est en train de tourner à la pandémie. Cela a des conséquences stratégiques que Guy-Philippe Goldstein, enseignant à l’École de Guerre Économique, analyse pour nous. Merci à lui. LV

Le monde se réveille face à l’épidémie de COVID-19, démarrée à Wuhan peut-être début décembre 2019 et désormais présente dans plus de 40 pays moins de 3 mois plus tard, avec plusieurs situations de transmissions locales, 82.000 cas identifiés et 2.800 morts (au 27/2/2020)[i]. La pandémie pose plusieurs questions : (1) Quelle est la gravité de la maladie ? (2) Quelles sont les conséquences  sanitaires ? (3) Quelles peuvent être les implications géopolitiques ?

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Le Grand bond en arrière (Le Cadet n° 68)

C’était à une réunion privée où Nassim Nicholas Taleb présentait son opuscule Le cygne noir ou la puissance de l’imprévisible. Je l’aborde aux petits fours et lui demande ce qu’est un cygne blanc. Il me répond la bouche pleine que tout est dans son bouquin. Non, lui réponds-je, vous y expliquez ce qu’est censé être un cygne noir mais pas un cygne blanc ? Il m’a fusillé du regard et tourné le dos.

Le cygne noir est, on le sait, Continue reading « Le Grand bond en arrière (Le Cadet n° 68) »

La Vigie 135 : L’Europe et son Sud | Le Brexit et la fin de l’UE | Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

Lettre de La Vigie du 5 février 2020

L’Europe et son Sud

Longtemps considéré comme pré carré des pays européens méridionaux, le rivage du Sud de la Méditerranée et son hinterland deviennent aujourd’hui un enjeu qui concerne tous les pays européens, quels qu’ils soient. Seule une stratégie multilatérale à long terme permettra de résoudre les crises nombreuses de cette région qui menacent l’Europe.

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Le Brexit et la fin de l’UE

Le Brexit est donc entré dans la loi et un pays a, pour la première fois, quitté l’Union Européenne. Certes, il reste encore quelques mois de négociation pour régler les détails des relations futures mais l’essentiel est dit. L’UE perd bien plus qu’un 28ème de ses membres : outre la taille (population, PIB) ou la contribution au budget commun (qui aura des répercussions sur la solidarité envers les pays plus pauvres, souvent les derniers entrés), elle perd un acteur stratégique. Si le Royaume-Uni y perdra peut-être, l’UE voit avec son départ le commencement de la fin.

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Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

L’épidémie de Coronavirus surprend l’observateur. Aussi bien pour son traitement en Chine, qui témoigne de la fébrilité du gouvernement alors que le rythme de croissance s’étiolait et que la reprise en main préalable voulait permettre au président Xi de mieux contrôler. La crise suscite un mécontentement populaire qu’il faut suivre avec attention, surtout si le pou-voir ne réussit pas à endiguer l’épidémie.

Accessoirement, on observe un mouvement massif de quarantaines : il s’agit de villages, de quartiers, de villes entières et même de pays, comme en témoigne la réduction drastique des relations avec la Chine et les fermetures des frontières. On peut y voir la nouvelle phase de la mondialisation, telle que nous la connaissons depuis dix ans : alors que les échanges se sont multipliés incroyablement (y compris de maladies), voici que la réaction aux effets négatifs réside dans la fermeture et le rapatriement local : ici protectionnisme, là isolement sanitaire d’un pays suspect. Le coronavirus est symbolique des temps géoéconomiques et au-delà, géopolitiques. Souhaitons que cette maladie soit contrôlée avant de tout contaminer.

JOCV

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Crédit photo :(Mick Baker)rooster on Visualhunt.com / CC BY-ND