Les bases opérationnelles avancées temporaires françaises au Sahel (L. Guignon)

Nous avons le plaisir le travail d’une étudiante de M1 de l’IEP de Lille, Léa Guignon, sur les bases opérationnelles au Sahel. Le sujet est technique mais son inscription dans la durée longue suscite l’intérêt. Surtout, cette publication répond à l’ambition de La Vigie, celle de donner leur chances aux jeunes plumes… Merci à elle.LV

Les bases opérationnelles avancées temporaires françaises au Sahel

Lancée le 1er août 2014 l’opération Barkhane s’étend à la Mauritanie, au Niger, au Mali, au Burkina Faso et au Tchad. Les objectifs de l’opération sont les suivants : appuyer les forces armées locales de la bande Sahélo-saharienne (BSS) dans leurs actions de lutte contre les groupes armés terroristes (GAT), éviter la résurgence des groupes et l’apparition de nouveaux sanctuaires et appuyer les forces internationales qui œuvrent en faveur de la population[1]. La France développe une logique de mobilité, de flexibilité, et de réactivité des forces afin de surprendre l’ennemi dans toute la BSS[2]. Pour cela Barkhane s’appuie sur un réseau de bases militaires permettant de quadriller la zone.

On distingue plusieurs catégories de bases militaires au sein du dispositif Barkhane. Il existe des bases opérationnelles « permanentes » (BOAP) comme celles de Gao, Niamey et N’Djamena. Ce sont les bases les plus importantes de l’opération en termes de commandement et de volume. Leurs systèmes de défense sont performants, elles sont bien fournies en moyens de communication et en équipements militaires. Les bases opérationnelles avancées « temporaires » (BOAT), sont celles de Tombouctou, Kidal, Tessalit, Menaka, Gossi, Faya-Largeau, Abéché et Aguedal. Ce sont des points d’appui complémentaires aux bases permanentes. Elles n’ont de temporaire que le nom puisque certaines existent depuis les prémices de l’opération Serval. Ce sont des emprises plus petites que les bases permanentes, leur aménagement est rustique au départ mais elles peuvent devenir plus confortables avec le temps[3]. Bien que la sédentarisation apparaisse essentielle dans une guerre de contre-insurrection, celle-ci fait face à plusieurs limites. Quels sont les impacts géostratégiques que les BOAT peuvent présenter dans la conduite de Barkhane ? Quel avenir ont-elles au sein des futures opérations ?

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La Royal Navy face aux effets budgétaires du BREXIT et du COVID19 (E. Lambert)

Nous sommes heureux d’accueillir un nouvel auteur, très bon connaisseur du système de défense britannique. Son analyse précieuse nous permet d’ouvrir la rentrée. Merci à lui. LV

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Outre les pertes humaines, la crise sanitaire et sa gestion par le gouvernement de Sa Majesté a provoqué un tremblement de terre financier et une crise économique qui va durement affecter pour les cinq à six prochaines années le Royaume-Uni. Alors que gouvernement britannique est intervenu à grande échelle – et à l’encontre de la politique traditionnelle conservatrice – pour accompagner ses citoyens et tenter de maintenir les finances publiques, l’économie du Royaume-Uni tangue dangereusement sous les effets combinés du Brexit et de la pandémie.

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La Libye pourrait-elle être la première mission d’un groupement tactique de l’UE ? (W. Pusztai)

Nous sommes heureux d’accueillir ce texte stimulant de Wolfgang Pusztai, Analyste autrichien des questions de sécurité et politique internationale. Merci à lui. LV.

En Libye, une guerre civile est en cours depuis 2011 avec différentes phases d’intensité. Les perspectives d’un cessez-le-feu durable comme condition préalable à une solution politique n’ont jamais été très brillantes au fil des ans. Une mission militaire internationale visant à garantir le respect de ce cessez-le-feu aurait de toute façon été pratiquement impossible sur le plan technique. Tout cela pourrait changer maintenant.

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La situation actuelle en Libye

Depuis la défaite décisive de l’Armée nationale libyenne (LNA) de Khalifa Haftar en Tripolitaine face à l’opération Volcan de la Rage (Burkan Al-Ghadab) soutenue par la Turquie, qui soutient le Gouvernement d’accord national (GNA) reconnu internationalement, il y a une impasse à l’ouest de Syrte, la porte d’entrée du bassin pétrolier libyen de Syrte, sur la côte centrale du pays. Continue reading « La Libye pourrait-elle être la première mission d’un groupement tactique de l’UE ? (W. Pusztai) »

Contact-tracing face au covid-19 : pas d’autres choix que l’audace (G-P Goldstein)

Guy-Philippe Goldstein nous a déjà gratifié de deux articles sur le COVID 19 (ici et ici). Il revient pour nous sur le sujet, en évoquant la question du traçage électronique, qui fait débat actuellement. Merci à lui. LV.

Il y a cinq semaines déjà, le 11 mars dernier, nous publions déjà dans ces lignes les points clés d’une réponse inspirés des bons résultats alors déjà observables en Corée du Sud et à Taïwan, en compléments des gestes barrières et des premiers éléments de distanciation sociale déjà appliqués en France. Cette réponse mettait en avant (1) les tests ; mais au-delà, (2) le volet numérique, offrant une gamme large de solutions tant dans le repérage que dans le télétravail, qui n’existaient pas encore dans les plans épidémiques datant de plus d’une dizaine d’années ; et enfin (3) un tempo rapide, et donc audacieux, afin de prendre de vitesse une épidémie foudroyante.  Prise à la gorge parce que trop lente à réagir, la France a finalement appliquée des mesures sévères de confinement six jours plus tard, bien plus strictes et limitant les libertés individuelles que ce qui existe en Corée du Sud. L’objectif était de se donner du temps, justement. Et pour finalement mettre en place « une approche proche de la Corée du Sud », comme l’a dit Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique[i].

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Or, d’après le gouvernement de Corée du Sud lui-même, une part importante de la réponse tient dans le volet numérique[ii], appliquée justement de manière rapide et audacieuse. Et pourtant, le volet numérique a été traité quasiment « à la sauvette », tant dans la déclaration du Président du lundi 13/4 que surtout dans l’intervention du Premier Ministre du 19/4, pourtant relativement détaillée et exhaustive. On sent bien qu’un cadre politique rigide est en train d’être défini tant par le sommet de l’exécutif que par les partis d’opposition, l’ensemble concourant au même groupthink idéologique incapable de se questionner alors qu’une crise sans précédent frappe l’Europe, et qui était déjà à l’origine du fiasco du premier tour des municipales. A cause de ce cadre, le volet numérique risque d’échouer en France  malgré tous les talents et bonnes volontés réelles qui s’y sont investis. Il faut donc comprendre (1) Pourquoi le numérique est l’un des piliers de la gestion de l’épidémie ; (2) pourquoi nombre de peurs et de réticences sont inappropriées ; (3) Comment avancer à la fois dans le respect de nos valeurs et dans le pragmatisme qu’impose l’extraordinaire situation sanitaire et économique actuelle.

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L’Europe est-elle en guerre ? Soyons sérieux Monsieur ! (R. Leray)

Correspondant de longtemps de La Vigie, notre ami René Leray nous envoie ce texte de Bruxelles… Merci à lui. LV

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Certes l’ennemi invisible, sournois, cruel est bien là :

Parti des steppes de l’Orient Il frappe et tue, partout sur notre continent de paix et prospérité

 Tous les jours du Nord au Sud

Comme jadis Attila et ses chevaux de feu…

Mais à ce jour, vous serez forcément d’accord avec moi, plus au Sud qu’au Nord

Là où l’on sait compter Monsieur…

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Algérie, où en sommes-nous ? (R. Tlemçani)

La Vigie, dans le cadre du Cercle euromaghrébin, est heureuse de publier cet article de Rachid Tlemçani. Merci à lui. JOCV

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Trajectoire algérienne en 2019

Au pouvoir depuis vingt ans, le président Abdelaziz Bouteflika, contesté par le Hirak -une mobilisation populaire inédite dans le monde- a été contraint de démissionner le 2 août 2019. Quelques semaines plus tôt, son état de santé s’était considérablement détérioré mais il était candidat à un cinquième mandat. Une campagne électorale soutenue par les officiels et des médias et financée par les oligarques et une nouvelle classe de prédateurs, fut pourtant bien lancée avant l’heure. Dans une course contre la montre, le chef de l’état-major de l’ANP, le nouvel homme fort d’alors, a tenu à poursuivre son agenda. Une transition ouverte est toutefois hors de question. La première étape de cette feuille de route se décline à une élection présidentielle, un nouveau gouvernement, la révision constitutionnelle et des élections législatives et communales. Ce programme, sous haute surveillance sécuritaire, est dirigé par la main invisible.

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Double profondeur stratégique au Sahel (M. Goumiri)

Dans le cadre de nos débats du Cercle euromaghrébin (ici), nous sommes heureux de publier cette contribution du Dr Goumiri. Merci à lui. LV

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Le concept de la profondeur stratégique est un outil opératoire de la géopolitique qui permet de comprendre les décisions et les conflits qu’imposent les grandes puissances sur la scène internationale. Il est construit sur des considérations historiques, de défense et de sécurité, économiques et culturelles et des visions à moyen et long terme.

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Chef des armées ou chef de guerre ? (J-Ph. Immarigeon)

Notre fidèle ami, Jean-Philippe Immarigeon, avocat, nous propose cette lecture juridique des pouvoirs du PR en matière militaire. Merci de cette lecture précise et oubliée, qui met en exergue bien des errements constitutionnels. LV

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Quelques années avant la Révolution française, le Figaro de Beaumarchais s’étonnait de ces guerres dans lesquelles le jetaient les princes, desquelles on ne lui avait jamais donné les raisons et pour lesquelles on l’avait encore moins consulté : « Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer pour des intérêts qu’ils ignorent ? Je veux savoir, moi, pourquoi je me fâche » ? Sommes-nous aujourd’hui mieux informés que Figaro ? Sûrement pas. Consultés ? Toujours pas. Les guerres sont redevenues les caprices de princes, qui invoquent des impératifs auxquels les nations peinent à s’identifier. Comment les Figaro de 2020 pourraient-ils d’ailleurs s’y intéresser alors qu’on ne cherche à les responsabiliser que le jour de la défaite ?

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Leçons d’Italie aux temps du coronavirus (A. Kaufmann)

Alexandre Kaufmann est un ami de La Vigie. Il est consultant établi à Milan. Il nous envoie ce texte opportun. Merci à lui. LV

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Vue du front italien, la pandémie du COVID-19 est riche d’enseignements. Ce virus nous en dit long sur la capacité de nos autorités à identifier, anticiper et contrer une menace. Mais aussi à mobiliser leurs populations tout en les rassurant. Il met à l’épreuve nos sociétés libérales et post-modernes qui n’ont pas connu de conflit majeur sur leur sol depuis plusieurs décennies. Jusqu’à entraîner une recomposition du paysage stratégique et des alliances traditionnelles ?

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Covid 19 L’épidémie est inexorable – pas la catastrophe sanitaire (G-P Goldstein)

Faisant suite à un précédent article paru dans ces colonnes (voir ici en libre lecture), Guy-Philippe Goldstein nous offre un nouveau point de situation stratégique sur le COVID 19. Merci à lui. LV

L’Europe est désormais sur la ligne de front d’une crise sanitaire mondiale rare, comme on en connaît une à deux fois par siècle. L’ensemble formé par l’EU, l’EEE et le Royaume-Uni comptait presque 15.000 personnes malades au 10 mars et plus de 500 morts[1]. L’Italie est désormais le 2ième pays le plus touché au monde après la Chine. En même temps, des éditos (comme par exemple dans les Échos au 4 mars[2]) s’interrogent de la raison d’un tel impact médiatique pour une maladie qui n’a fait que 3000 morts à date. Il est donc important de rappeler (1) quels sont les enjeux sanitaires et économiques ; (2) ce que l’on peut apprendre des pays déjà touchés; (3) souligner de nouveaux impacts géopolitiques et sociétaux en fonction du succès ou des échecs de chaque pays à stopper ou non l’épidémie.

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L’enjeu de la crise est d’éviter l’effondrement des structures hospitalières et ce qui pourrait s’ensuivre : l’explosion de la mortalité et le désordre économique, financier et social.

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